1. Oser rencontrer la frivolité


    Datte: 01/05/2019, Catégories: magasin, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme nonéro, couple,

    ... découvre avec une certaine inquiétude, à l’horloge du seul restaurant étoilé de la région, qu’il est déjà presque midi. Aïe ! Faut-il renoncer ou continuer ? Risque-t-il de trouver porte close ? Passons toujours devant, se convainc-t-il enfin. Il sera toujours temps de se décider à passer à l’acte au dernier moment. Mais Frédéric, brusquement contrarié par ce faux contretemps, ne croit déjà presque plus à sa chance. D’ailleurs, a-t-il vraiment encore le désir de faire aujourd’hui ce pas décisif ? C’est l’esprit tourmenté et presque sans véritable ressort qu’il poursuit son chemin. Après avoir quitté les bords du fleuve, lent et d’un vert - marron opaque qui traverse mollement la ville et, qu’aujourd’hui, seuls des bateaux de plaisance hollandais, belges et d’autres pays du nord de l’Europe empruntent à cette époque de l’année, avant de rejoindre par divers canaux le sud de la France, il s’engage dans cette petite rue qui monte hardiment vers les arrières de la citadelle. En fait, ici tout est imprégné de ce passé militaire plus triste que glorieux et parfois obsédant. Drôle d’idée, d’ailleurs, d’avoir élu boutique ici, un peu à l’écart du flot habituel des acheteurs traditionnels de la fin de semaine. Cependant, avec la proximité du club de location de vidéocassettes, il y a certainement des opportunités à saisir. De là à imaginer que les uns après avoir « reluqué » avidement les pochettes plus qu’évocatrices des cassettes érotiques et pornographiques, qui constituent ...
    ... encore l’attrait essentiel de ce type de magasin, certainement plus que pour les héros musclés et surarmés en tout genre, se dirigent sans plus tarder au rayon lingerie voisin, il ne faut pas manquer sincèrement de poésie. Frédéric laisse ce débat aux esprits chagrins, un tantinet moralisateurs et faiseurs de normes, de retour aujourd’hui sur le devant de la scène. Ces puritains tristes à la mine compassée l’irritent. Il craint qu’une gigantesque chape de plomb ne s’abatte sur la société et qu’une période obscure propice à des perversions encore plus sordides ne s’installe. D’ailleurs n’ont-ils pas déjà obtenus, il y a peu, une victoire éclatante en faisant disparaître de la devanture toute pochette montrant ou suggérant en dépit d’un « cache discret » des parties d’anatomie ou des actes à ne commettre que dans le noir, uniquement chez soi, s’ils ne sont pas réprouvés par la morale. Plus encore, le client, cet être bizarre, peut-être tout simplement en quête d’un divertissement émotionnel et physique afin de soulager d’une certaine façon sa solitude, est-il obligé de s’isoler dans un réduit où une certaine promiscuité avec ses congénères l’empêche parfois de concrétiser un instant de pâle bonheur ? Transformé en victime, il lui faut subir deux fois des regards réprobateurs pour les uns et jaloux pour les autres. Là aussi, le flicage est de rigueur et ne cesse de se développer au rythme de l’accumulation des interdits et du poids redoutable du principe de précaution. Dans quelque ...
«1...345...8»