1. Oser rencontrer la frivolité


    Datte: 01/05/2019, Catégories: magasin, cérébral, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme BDSM / Fétichisme nonéro, couple,

    C’est un petit magasin coincé entre un marchand de meubles rustiques au goût typiquement lorrain mâtiné d’une touche très germanique, et une boutique de location de vidéocassettes à l’enseigne on ne peut plus banale, « Vidéo futur », et à la devanture d’un bleu nuit un peu trop sombre. La vitrine a été totalement refaite il y a quelques mois, tranchant avec la rigueur de sa voisine d’ameublement et le clinquant high-tech, mais terriblement banal des vendeurs d’images. Tout en elle se veut agréable à l’œil. Elle flatte, elle cajole et ensorcelle à la fois ; rien de plus normal puisqu’entre ses murs il s’agit de vendre de la lingerie. Elle est donc toute en rondeurs et en courbes, mariant avec bonheur une touche de rose pâle, un peu de jaune tendre tel celui des épis de blé, le blanc, avec quelques traces de rouge et de noir jetées à priori au hasard ; un savant amalgame de couleurs très prisées dans l’univers de la frivolité, de la séduction et donc de la beauté. Féminine à souhait, alanguie parfois suivant les saisons, mais capable d’un coup d’éclat, elle étincelle dans cet entourage plutôt triste. N’est-elle donc qu’un royaume exclusivement réservé aux femmes ? Certainement pas, puisque les articles féminins et masculins, en petit nombre certes, phénomène très rare semble-t-il, se côtoient, se mélangent, s’enchevêtrent presque sans la moindre gêne et sans discrimination. En quelque sorte règne ici, en accord avec l’air du temps et une certaine conformité la plus parfaite ...
    ... parité, même si toutefois le côté féminin domine. De toute façon au regard de la publicité, les corps de femmes l’emportent largement sur celui des mâles même si, ici aussi, le vent du changement bouscule les habitudes, dérange nombre de personnes des deux sexes tout en conservant beaucoup de sagesse. Seule la photo d’un homme, sans visage, pour sacrifier là aussi à une mode du moment, affronte celles de femmes lascives et dénudées. Cela fait plusieurs fois que Frédéric passe et repasse le long de cette devanture, et immanquablement son regard est accroché, captivé, chaviré, presque envoûté par ce déluge de dentelles et de matières toutes plus suggestives les unes que les autres. Les formes très prononcées presque irréelles des mannequins ajoutent encore à son paroxysme intérieur, à cette tempête des sens qui le perturbe. Il y voit de quoi nourrir ou déclencher les fantasmes les plus extravagants, comme ceux que certaines séries roses et coquines de chaînes de télévision, toujours beaucoup trop sages à son goût, mettent en scène. Le plaisir non dissimulé de son regard se transforme toujours en un plaisir intense du corps qui stimule largement son désir. Pourquoi un tel ébahissement ? Ici, en quelques mètres et l’espace de quelques instants, parfois peut-être à peine en trois ou quatre secondes, son esprit bascule dans un univers merveilleux, pas uniquement celui des mannequins à la mode, héroïnes de publications sophistiquées, bien trop mélancoliques, mécaniques, artificielles ...
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