1. Elle et Elle (14)


    Datte: 13/05/2019, Catégories: Lesbienne

    Avec Laetitia, on était sorties des centaines de fois, en boîte, au resto, au cinéma, et pourtant nous n’étions jamais sorties avant aujourd’hui. C’était le savoureux paradoxe qui découlait de ce qui était né entre nous ce weekend : depuis que l’amour avait remplacé l’amitié, depuis que deux copines hétéro étaient devenues deux amantes homo, tout entre nous était neuf. Du coup, c’est con, face au miroir, au moment de me maquiller et de m’arranger, j’avais un nœud dans le ventre. Je me sentais comme une lycéenne qui se rend à son premier rendez-vous. Toute intimidée, je me posais un millier de questions, sur ma tenue, sur mon attitude. Plus rien ne semblait naturel. Tout était compliqué. Après une longue réflexion, je choisis d’enfiler un legging multicolore et une petite chemise nouée sous ma poitrine, laissant apparaître mon ventre, mes hanches et mon nombril. C’était mignon et sexy sans que je sois déguisée en bombe : j’avais envie de plaire à mon amoureuse tout en restant naturelle. En me contemplant dans le miroir, pourtant, je ne me reconnus pas : sans doute parce que mon mari ne m’aimait qu’en tailleurs, avec un style très classique. Il aurait détesté ma tenue. Tant mieux. Je n’avais pas encore vingt-trois ans : je me sentais libérée de ne plus être habillée comme une petite vieille ou une secrétaire de direction. Avec un brin de témérité, je choisis d’en rester là. J’allai rejoindre ma Laetitia qui m’attendait dans l’entrée. J’étais folle de trac. Au fond, à sa ...
    ... manière, ma petite amie avait opté pour une solution semblable à la mienne. Elle avait enfilé une petite robe d’été toute adorable, qui dévoilait largement ses épaules charmantes. C’est fou comme on s’habitue vite à regarder les filles avec les yeux du désir. J’avais envie de la croquer : elle était resplendissante, parfaite pour un premier rendez-vous. Oh, j’étais sous le charme, des envies de débauche plein la tête. « Je crois que je suis amoureuse » dis-je à la manière d’une blague, alors qu’en fait ça n’en était pas une. Elle sourit et sa bouche dessina une fossette exquise dans le creux de sa joue. Nous étions prêtes à sortir lorsque je fus prise d’un vilain vertige. Soudain, franchir le seuil de la porte me parut insurmontable. Ça y était. Dès que nous aurions quitté cet appartement de Schrödinger, tout ce que nous y avions vécu deviendrait réel. Fini la bulle, bonjour le vrai monde. En sortant, j’acceptais que ça y était, je n’avais pas juste connu un coup de folie avec ma meilleure amie, mais que nous étions en couple, deux filles ensemble, dans nos cœurs comme à la face du monde. Passer cette porte, c’était faire mon coming out, ne serait-ce que dans ma tête. Comme toujours, Laetitia comprit exactement ce qui se tramait dans ma tête : "C’est un peu la panique, du coup." "La catastrophe totale" dis-je. Elle glissa sa main dans la mienne, légère mais ferme, comme le font les femmes amoureuses, et soudain tout me parut plus léger. "Je t’aime, Laure." Voilà. C’était fait. La ...
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