1. Natasha & Franck (14)


    Datte: 18/05/2019, Catégories: Transexuels

    ... aller directement à notre hôtel. Et nous n’avions aucune envie de faire la fête. Au contraire, nous n’avions qu’une envie : filer en Hongrie dès le lendemain. Et une question nous tarabustait. Nous ne faisions pas notre pub en évoquant le genre de Natasha, Alexandra ou Kristina. Comment ces gens avaient ils su et pu se regrouper pour venir perturber le concert ? La toute dernière chanson prenait ce soir là toute sa signification. « We are the others » faisait allusion à un fait divers qui s’était déroulé en Angleterre en 2007. Une bande d’adolescents avait tabassé unejeune femme et son ami pour la simple raison qu’ils arboraient un style gothique. Ils étaient tombés dans le coma et si le garçon avait fini par se réveiller, la fille, Sophie Lancaster, avait succombé. La bêtise crasse et l’absence de remords des agresseurs laissaient pantois. Le parallèle avec toute sorte de discriminations, que ce soit de race, de religion ou encore de genre faisait forcément écho avec le vécu de Natasha, Kristina et Alexandra. Hymne à la tolérance, le groupe, bien avant que je l’intègre, avait choisi de clore leurs concerts par cette chanson. Alors qu’habituellement nous enchaînions les deux derniers titres, ce soir, exceptionnellement, elles avaient échangé longuement avec le public, avant de jouer le hit du groupe hollandais Delain. A l’hôtel, l’ambiance était morose. Pour la première fois, j’étais confronté à ce que Natasha, Alexandra, Kristina ou n’importe quelle personne transsexuelle ...
    ... était amenée à vivre, à subir: la connerie humaine. A croire que si on accordait des droits à une catégorie de personnes, quelle qu’elle soit, cela devait en ôter, en contrepartie, à ces individus au quotient intellectuel proche de celui d’une moule en plein soleil lors d’une journée de la fin du mois de juillet, après deux mois de canicule. J’étais remonté. J’aurais été partisan de laisser ma colère s’exprimer et d’aller caresser quelques nez, mais les filles, plus désabusées, m’avaient persuadé de me retenir. On ressort toujours sali quand on tape dans la merde avait commenté Kristina. Et Natasha d’ajouter qu’il était en plus vain de chercher à argumenter avec ce type de personnes. Parler à un mur serait plus enrichissant à ses yeux. Un mur peut effectivement réfléchir, avec de bonnes conditions. Alexandra, elle, était prête à se lancer dans la distribution de mandales à mes cotés. Elle n’avait pas des origines irlandaises pour rien ! Je profitais finalement de cette soirée tranquille pour appeler Karen et prendre plus longuement de ses nouvelles. Dans trois semaines, elle ferait la première échographie. Elle attendait ça avec une impatience non feinte et aurait aimé que nous soyons là pour partager ce moment. Mais nous serions en Norvège, qui était le point le plus éloigné de la tournée. Je raccrochais avec une pointe de nostalgie et un peu groggy par le mélange de toutes ces sensations, sentiments, qui ne faisaient pas forcément bon ménage. Si je n’avais pas tout plaqué ...
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