1. La guerre


    Datte: 27/05/2019, Catégories: suspicion, tranhison, colère, méfiance,

    Ils s’étaient aimés. Aimés tellement fort que la clarté même du soleil en fut amoindrie. Elle aurait donné sa vie pour lui ; il ne vivait que pour elle. Les parfaits opposés s’étaient rencontrés un soir d’hiver pour former l’équilibre rêvé, cet équilibre de l’âme et du corps que certains passent une vie à chercher et qu’autant ne trouvent jamais. Elle était svelte, élancée, blonde et d’un abord froid, une beauté hitchcockienne dans toute sa splendeur. Ses grands yeux bleus légèrement cachés par une mèche vagabonde avaient autrefois été remplis d’étoiles, à la simple perception de la voix de son tendre amour. Ses longues mains fines gardaient en mémoire les douces caresses qu’elles avaient prodiguées sur le corps musclé de son amant. Cet homme, lui, était fort, grand, athlétique et d’une élégance folle. Aussi brun qu’elle était blonde. Un sublime hidalgo, dont la beauté sombre était rehaussée d’un regard vert pailleté d’or, qui, il y a peu, devait briller de mille feux. Son sourire ravageur avait fait chavirer la belle, à l’époque où la communion entre ces deux êtres prenait naissance. Que s’était-il donc passé ? Où sourires et regards complices avaient-ils bien pu disparaître ? Pourquoi de cette osmose si idyllique en étaient-ils arrivés à se craindre, se détester et se maudire ? Elle, si pimpante et chaleureuse, prévenante, câline à souhait, où s’étaient donc envolés ses gestes affectueux ? C’était un vendredi soir, une veille de week-end en apparence semblable aux ...
    ... autres. Elle l’attendait impatiemment. Une soirée d’été, où la fraîcheur se faisait peu à peu une place de choix, après la chaleur moite qui avait accompagné toute la journée. Dans le patio de leur somptueuse demeure, où se mêlaient mille roses aux effluves entêtants, lys aux couleurs chatoyantes et orchidées sauvages entourant une magnifique fontaine dont les clapotis lui rappelaient Venise sous la pluie, siégeait une table en verre sculptée. Une des nombreuses trouvailles qu’ils avaient chinées ensemble, passionnés qu’ils étaient tous les deux de belles antiquités. Elle l’avait décorée pour l’occasion, ne laissant rien au hasard. Deux splendides assiettes de porcelaine dont le pourtour était saupoudré de poussière d’or et incrustées de pierres semi-précieuses, des verres dont le pied savamment ciselé, finissait de souligner la fragilité de ce cristal de bohème, ainsi que des couverts en vermeil alanguis de part et d’autre des assiettes. Des pétales de roses avaient été éparpillés avec doigté sur la table richement dressée, mettant une touche finale de romantisme à la composition. Elle s’était parée d’un petit ensemble affriolant ; une lingerie recherchée qui lui donnait une classe extrême, malgré la transparence un brin coquine de la toilette. Elle savait qu’il adorerait. Un parfum enivrant était niché au creux de ses seins et quelques gouttes perlaient encore sous le lobe de ses oreilles. Elle voulait être parfaite, que tout soit magique. Elle avait une nouvelle d’une grande ...
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