1. La guerre


    Datte: 27/05/2019, Catégories: suspicion, tranhison, colère, méfiance,

    ... qui il le sentait avait une chose importante à lui dire en ce vendredi soir, allait décrocher à sa place. Non, ça, il ne l’avait même pas imaginé. Il vit alors le regard si bleu profond et limpide en temps normal, si rieur et plein d’espoir il y a encore quelques minutes, s’assombrir d’un coup. Elle s’avança, quasi titubante, lui tendant le combiné à bout de bras. Il put voir, durant ce court trajet qui la séparait d’elle, quelques pas au final, des éclairs de rage et de désespoir, un nombre incalculable de mots de mépris qu’elle n’eut pas besoin de prononcer. La guerre était déclarée, il le savait. Les éclairs furent bientôt éteints par des larmes. Retenues au départ, puis très vite si affluentes qu’elle perdit pied. Il continuait de la dévisager. Cette moitié qu’il avait tant cherchée et qu’il voyait disparaître à jamais. Dans sa main, injures et insultes pleuvaient sans discontinuer, mais il n’y accordait plus aucune attention depuis un long moment déjà. Elle était tétanisée, choquée, presque stupide de se montrer à lui dans une tenue si élégamment provocante en une telle circonstance. Elle lui en voulait tellement, de lui devoir l’écroulement total de sa vie qui allait réellement prendre forme en cette soirée et qu’elle avait souhaitée si magique. Les larmes avaient cessé et son compagnon, cet homme qu’elle avait supposé l’amour de sa vie, put à nouveau déceler au plus profond de ses yeux bleu acier, la détermination d’une guerre sans merci. Il avait lâché l’appareil. ...
    ... Sûrement cette maîtresse destructrice avait-elle raccroché depuis longtemps. Qu’importe au fond. Tout était mort à présent. Ils se fixaient sans un mot, sans un cri, pas même l’ombre d’un gémissement ou d’une plainte. Rien. Juste un regard rempli de dégoût et de rancœur dans un autre regard plein de doutes et d’impuissance. Le duel était d’une rare intensité, voire même exceptionnel. Quand soudain, une main fine effleura un ventre mis à nu par une dentelle ajourée minutieusement filée ; ce fut alors une lente danse en rond sur ce ventre encore si plat, si affolant de sensualité. Une autre main la rejoignit et se fixa, elle, sur le bas-ventre. Elle regarda son homme. Elle le regarda longuement, intensément. Ses yeux disaient maintenant ce que sa bouche exprimait quelques instants auparavant, avant que ce maudit téléphone ne se manifeste. Il n’osait supposer ce que son cœur comprenait. Il refusait même d’essayer de visualiser cette vie qui arrivait et à laquelle il n’aurait jamais le loisir d’avoir accès. Par sa bêtise, son inqualifiable inconséquence ; il avait joué avec le feu et il allait périr dans les flammes du regard inquisiteur de cette femme qu’il avait choisi de choyer entre toutes, jusqu’à la fin des temps. Il était littéralement effondré. La douceur de vivre, l’insouciance et la volupté d’une vie aux côtés de sa bien-aimée laissait place à une guerre de tranchées sans appel. Il en était conscient maintenant. Pour les beaux yeux d’une maîtresse sans envergure, il ...