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Dans mes cordes (1)
Datte: 06/06/2019, Catégories: Erotique,
... satisfait de son macramé. Au moins ça. Je lui demande ce que nous sommes censés faire maintenant. Je vois à sa mine désabusée que je n’ai pas compris le principe et que ma réaction n’est pas la bonne. Il fait pourtant preuve d’une grande patience. Il m’aide à m’allonger et me demande alors de fermer mes yeux. Après une seconde d’hésitation, je les ferme. Là il me demande de me focaliser sur les sensations de mon corps. Je m’exécute. Sa main caresse mon épaule. Le silence se fait et mon esprit peu à peu oubli les cordes, les entraves. Peu à peu, j’oublie presque que j’ai un corps. Je fais le vide. C’est très étrange et pas trop désagréable. Mais… Au bout de quelques toutes petites minutes, mon esprit se remet en marche. Instinctivement. Impossible de rester dans cet état d‘offrande. Luc s’en rend compte et essaye de me convaincre de me laisser aller. Je n’y arrive pas. Je m’agite. Comme un instinct de survie qui me rattrape... Je me focalise malgré moi sur chaque passage de corde. Je sens que ça tire, que ça gratte… Je sens mes bras qui se contractent, se débattent dans les liens, comme si j’essayais de briser les cordes… Une vague d’effroi s’empare de moi. Je sens la panique qui me gagne. Je tremble. Je voudrais arracher les cordes, les ronger avec mes dents… Me libérer. Je l’entends qu’il insiste de sa voix douce « Fais le vide ». Mais rien à faire… Je m’agite, je panique. Je lui demande de me détacher. Les secondes me semblent durer des heures. Alors j’exhorte « ...
... détache-moi bordel ! ». Je ne comprends pas ma réaction, mais je n’arrive pas à me contrôler. Je suis totalement terrorisée. Le visage de Luc est figé de stupeur. Il défait aussi vite que possible les cordes, mais mes mouvements ne lui facilitent pas la tâche. Une fois qu’il a terminé, je regarde mon corps. On dirait un morceau de pâte à modeler qui est passé sous ces drôles de petits rouleaux qui impriment des formes. Je me sens comme un animal pris au piège. Je cherche du regard une couverture, n’importe quoi pour me cacher dedans. Je me lève d’un bon, sans mot dire, j’évite avec beaucoup de souplesse ses bras qui veulent me retenir. Je ressens le besoin de le fuir. Je m’enferme dans la salle de bain, ouvre l’eau chaude et me glisse dessous. Comme si cette eau qui ruisselle sur ma peau avait ouvert la voie, je me mets à pleurer avec une intensité que je ne me connais pas. Je ne comprends pas pourquoi je suis dans cet état. Comment des cordes et un jeu érotique ont pu chambouler mon état émotionnel à ce point ? Ce n’est que des années plus tard, que j’apprendrais que le modèle peut subir de plein fouet ses émotions. L’art Shibari, quand il est bien orchestré, demande au modèle de lâcher prise totalement et de ne pas retenir ses émotions et ses sensations. A priori je ne sais pas le faire et cela entraine une réaction disproportionnée. Quand je ressors de la douche un quart d’heure plus tard, Luc a rangé toutes ses cordes. Il voit bien que cette petite initiation n’a pas eu l’effet ...