1. Le chaton de Margot (nouvelle version)


    Datte: 19/06/2019, Catégories: Première fois

    J'avais seize ans à peine. Elle n'en n'avait guère plus. Ce qui nous a réunis, c'est ce chaton. Un chaton tout gris sans tache, tout homogène de fourrure, de couleur. Avec une tête étonnée de petit animal au pays des humains tout content de nous voir elle et moi qui le regardions, le touchions de nos mains emmêlées à le tripoter et s'effleurer mutuellement mine de rien avec tendresse. On l'avait chopé qui passait par là. Moi, elle, je ne sais. Enfin on était là tous deux ce chat minuscule dans les mains à se gaver de douceur l'un avec l'autre. Elle était frêle brune longs cheveux sur les épaules yeux géants de BD japonaise et mini tétés pointus sous le polo. Je l'ai serrée à la taille et elle s'est collée contre moi nos mains et le chaton toujours en contact étroit. Dans ma main, entre pouce et index la tête de la bête avait trouvé son havre et son petit corps à la toison fine reposait comme couché sur canapé dans ma paume. Margot caressait son ventre de deux doigts aimants son bassin osseux collé au mien. Cette image, que je n'ai pas vue mais vécue, est restée dans ma mémoire. Ma main à sa taille à travers la cotonnade légère d'été. Ma main qui sentait tout de sa peau de ses chairs de ses os. Et puis la pression d'elle contre moi qui voulait, voulait. Et puis cet animal souriant dans nos mains tout petit tout fragile qui attendait tout de nous... L'été n'a pas permis plus que cet instant. Trop jeunes trop innocents trop inconscients l'un et l'autre du miraculeux de ...
    ... l'instant, nous l'avons laissé s'envoler dans la mémoire de l'enfance. Le chaton, nous l'avions baptisé. Mais là, ma mémoire défaille ... Grisette ? Oui, c'est ça, Grisette. Ou alors Grison... Avions nous su voir s'il était garçon ou fille ? Je me souviens que, question genre, c'était première pour moi que de m'émouvoir pour une personne du genre opposé. Toi. Ma tête est allée contre ta joue et mes lèvres à ton cou. Ton odeur de brune était de sable, de lavandes, de genêts et j'aurais voulu biser tes lèvres. Mais ça ne s'est pas fait. Du moins pas cet été-là… *** Les étés, c'est comme la vie, ça vient, ça va. L'été suivant, elle était à nouveau là ... voisine de villégiature. Tout l'hiver durant j'avais pensé à elle. Et, je l'ai très vite su, elle avait, elle aussi, pensé à moi tout ce temps durant. On ne s'était pas concertés mais toute une année à penser avait attendri nos âmes et nous étions mûrs, fin mûrs. Au premier jour je l'ai cherchée et comme elle me cherchait aussi, on s'est très vite trouvés. Elle était plus grande que dans mon souvenir. Sa tête même avait changé. Elle n'était plus la petite fille que j'avais rêvée dix mois durant. C'était une grande fille, sérieuse, moins rieuse que d'antan. Et qui, en plus, me regardait avec un air étonné. Pourtant moi j'étais bien le même. Moi je n'avais pas changé. Elle s'est coulée contre moi et a dit, tu es un homme maintenant. Et moi j'ai compris qu'il me fallait la protéger. J'ai serré ses épaules de mes deux bras et elle a posé sa ...
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