1. Perspectives de l'amour


    Datte: 02/08/2019, Catégories: amour, init,

    ... libérait avec nous, car chez elle, c’était pas tous les jours la joie. Pauvre gosse ! C’était évident qu’elle ne méritait pas ça. Elle avait l’air si mignonne. Un jour, je lui ai ouvert la porte, Anna était occupée au téléphone avec sa cousine. Je lui proposai d’entrer pour l’attendre. Comme Anna mettait quelques minutes à revenir, je lui demandai si ses études se passaient bien (le sujet bateau par excellence), puis ce qui la branchait dans la vie. Son visage s’illumina ! Elle me parla sans discontinuer de sa passion pour les beaux-arts. Je l’écoutais s’enflammer, m’exposant la vie de grands artistes qu’elle avait mémorisée avec tant de détails. J’avais conservé de ma jeunesse un ouvrage de grande qualité, et je lui proposai de le lui prêter. Elle en fut enchantée, toute gênée, me remerciant plusieurs fois. L’avais-je intimidée ? Je ne croyais pas que cela fût possible avec elle, ce n’était pas son genre. La fois suivante où il me fallut lui ouvrir, ce fut nettement moins agréable. Claire avait les yeux creusés, la gorge nouée, la joue rosie. Tout son corps criait son mal-être. D’un bref bonjour, elle m’indiqua en désignant son téléphone : — Anna me répond pas !— Elle est chez le dentiste, elle ne peut pas ! Elle en a pour environ une heure je pense, tu veux… Euh, je lui dirai que tu l’as appelée, d’accord ? Claire approuva d’un signe de la tête. Elle se mit à renifler fort. Je ne pouvais pas décemment la laisser dans cet état. — Écoute, si tu as envie de parler… Elle se ...
    ... contenta d’entrer. Ses yeux se plissèrent, sa bouche se déforma, et elle éclata aussitôt en sanglots. Encore une violente altercation avec sa mère. Elle lui avait dit qu’elle était la pire des filles, qu’elle avait eu honte de la mettre au monde. Incrédule, je me demandais comment il était possible qu’un parent puisse avoir des mots aussi durs envers son enfant. Je pris Claire dans mes bras comme ma propre fille, très spontanément, sans me poser aucune question. Sur le coup, il n’y avait pas d’ambiguïté, c’était un geste purement chaleureux, et je pense qu’elle le ressentit ainsi puisqu’elle s’agrippa aussitôt à moi. — Vas-y, pleure un bon coup, si jamais je commence à me noyer je te fais signe. Claire réussit à émettre ce qui pouvait vaguement ressembler à un rire au milieu de ses hoquets nerveux. Au bout de longues minutes, elle se sentit légèrement mieux. Claire leva les yeux sur moi. Je n’avais pas ressenti le moindre trouble jusqu’alors, cependant la situation me parut d’un coup bien moins innocente. Je me dégageai maladroitement. — Je te sers quelque chose à boire ?— S’il vous plaît. Elle buvait lentement, par petites gorgées. Elle semblait reprendre des couleurs. Ouf ! — Bin, qu’est-ce qui t’arrive, ma Claire ? Anna venait d’arriver et l’état de son amie l’alarma. Les deux filles partirent à l’étage. Je mis des jours à oublier cette figure si malheureuse, j’avais du mal à trouver le sommeil. Je fus rassuré de la retrouver peu de temps après radieuse, Anna venait de lui ...
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