1. Les premiers - Episode 3


    Datte: 04/08/2019, Catégories: aventure, sf, fantastiqu,

    ... couilles ! rugit Abraham. La vérité, tu la veux ? Eh bien, le monde qui nous entoure n’est pas cohérent. En sautant avec l’Albert, nous sommes passés dans le monde du rêve.— Oui, admit le Japonais, c’est bien ainsi que je vois les choses, moi aussi. Mais la question suivante…— C’est : qu’allons-nous faire à présent ?— Exactement. Nous pouvons revenir chez nous… et laisser les théoriciens expliquer ce que nous avons vécu.— Si Enigma nous permet de faire le voyage dans l’autre sens.— Oui. Ou poursuivre l’aventure et amasser davantage d’informations… au risque de ne jamais retrouver le chemin du retour. Le petit Japonais s’assit en tailleur parmi les hautes herbes. — Au fond, observa-t-il, ce rêve n’a rien d’un cauchemar. Le séjour à Terre-bis fut plutôt plaisant.— Tu oublies que nous avons failli y laisser notre peau…— Je ne l’oublie pas. Mais je soupçonne que nous n’avons jamais couru le moindre danger : il fallait seulement que nous effectuions le voyage avec Enigma… et nous l’avons effectué. Depuis le début, rien n’a eu lieu par hasard. Par la fenêtre, leur parvinrent les râles de jouissance de Bettina. — Je crois, conclut Hiroko, que nous devons avoir confiance et laisser les choses suivre leur cours. Il y avait plusieurs variétés de poisson, en même temps qu’un potage dans lequel nageaient des lamelles de ce qui pouvait bien être du chevreau bouilli. Sur la table étaient disposées de grosses miches de pain à couper en tranches, du beurre et de la confiture pour le ...
    ... tartiner. Une grosse salade venait ensuite et le dessert brillait par son absence, même si les brocs de jus de fruit semblaient inépuisables. Après le copieux petit déjeuner, les terriens ne purent faire honneur à la chère, mais le reste des convives semblait manger de bon appétit. — Comment font-ils pour ne pas grossir ? s’étonna Abraham.— Beaucoup d’exercice physique, répondit Hiroko. C’était à l’évidence une société où l’on ne se souciait guère d’étiquette à table. Il y régnait un brouhaha de cris, de rires, de vaisselle brutalement maniée. Bettina et Jola, les yeux dans les yeux, se faisaient la becquée. — En voilà une qui n’est pas pressée de partir ! dit Abraham. Il devait forcer sa voix pour se faire entendre. Ils allèrent s’asseoir devant la porte pour avoir un peu de silence. — J’ai encore fait ce cauchemar, dit Catherine. Elle hésitait, cherchant les mots qui rendraient le plus fidèlement compte de ce qu’elle tenait à exprimer : — Déjà, avant notre départ de Luna, il y avait ces visions dans ma tête… Et ce cauchemar qui revenait presque chaque nuit.— Un soleil blanc ? demanda Abraham. Elle le regarda avec surprise, ajouta : — … Un pays où des fleuves bouillonnent entre des rives vertes.— Et, ajouta le Japonais, des lunes défilaient dans une nuit violette où brillent des constellations qui vous laissent une impression de familiarité. Catherine le fixait avec ardeur : — Toi aussi ? Il hocha la tête sans répondre, perdu dans des spéculations lointaines. Lorsque la voix résonna ...
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