1. Clotaire et Pierre - Septième épisode


    Datte: 12/08/2019, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... conservée au point d’en faire dix ou quinze de moins, usait d’un charisme efficace sur ses élèves. Malgré ses airs sévères accentués par les tenues noires qu’elle portait continuellement, c’était une femme séduisante, au sourire enjôleur ; dans la promotion, bien des jeunes hommes n’auraient pas refusé les avances de cette enseignante qui, bien que plus âgée qu’eux, ne manquait pas d’atouts physiques et personnels. Mais madame Erik, hélas, avait un défaut : elle ne supportait absolument pas les retards ni les perturbateurs de son cours, si bien qu’il suffisait pour un étudiant d’ouvrir la bouche sans son autorisation pour qu’il soit prié, séance tenante, de prendre ses affaires avant de franchir la porte. Et bien que sa sympathie, généralement bien appuyée, pour Clotaire soit un fait de notoriété public, elle n’entendait, cette fois-ci, pas lui donner le moindre traitement de faveur. Un retard est un retard, après tout… - C’est pour quoi ? fit semblant de demander madame Erik sous les rires étouffés de quelques élèves. - Excu…, commença Pierre. - Nous vous prions de nous excuser pour notre retard, coupa Clotaire, mais nous le devons à… une bien mauvaise circulation, répondit le jeune homme, assez troublé par ce qui semblait être le premier retard de sa vie toute entière. - C’est un motif assez compréhensif… Cela dit, la circulation devait être franchement mauvaise : cela fait déjà une heure et dix-huit minutes que ce cours a débuté ! Cette fois-ci, les étudiants assis dans ...
    ... l’amphi ne purent contenir leurs rires, tant l’humour de leur enseignante les comblait. Et puis voir le « favori » des professeurs être ainsi taillé par l’un d’eux devant un tel public provoquait, il est vrai, une certaine satisfaction. - Vous serez bien inspirés, la prochaine fois, de vous lever, l’un et l’autre, entre trois et cinq heures du matin pour être certains d’arriver à l’heure en cours. Maintenant, dépensez votre temps comme vous l’entendez, mais quittez les lieux ; vous n’êtes pas admis ce matin. Les deux jeunes hommes, toujours sous les rires de leurs camarades, commençaient à tourner les talons, quand madame Erik les coupa dans leur élan. - Quant à vous, Clotaire, je dois vous parler à propos du T.D. Je vais m’entretenir avec vous juste avant le début de la séance de cet après-midi. En guise d’approbation, Clotaire se contenta d’incliner légèrement la tête avant de suivre son compagnon qui, lui, n’avait pas attendu très longtemps pour franchir la porte de sortie. Sans s’échanger un mot, pas même un regard, les deux garçons quittèrent les lieux, presque sur la pointe des pieds, pour s’isoler rapidement dans un petit couloir sombre. Très proches l’un de l’autre, ils s’échangeaient tous les deux un sourire que la pénombre environnante semblait protéger des curieux. - Quelle peau de vache, cette prof… Je n’ai jamais été capable de la supporter, souffla Pierre comme un petit chenapan tonnant contre une punition toute récente. - Non, je pense qu’elle n’a pas eu tord de ...
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