1. Aïcha, ou les exils


    Datte: 12/09/2019, Catégories: fh, ff, hotel, anniversai, amour, confession, historique,

    ... jouissance. On frappa à notre porte. C’était l’hôtelier qui demandait que je contienne mes cris. Nous pouffâmes en l’assurant que nous modérerions nos transports. Un peu plus tard nous sortîmes en vue de dîner à la terrasse d’une gargote où nous ne relâchâmes pas la pression de nos mains entrelacées durant tout le repas. La ville ensuite nous étouffa et pour lui échapper nous gagnâmes les jardins du Peyrou où, sur un banc public, nous nous laissâmes envahir par la douceur de l’air avant de rentrer à l’hôtel et d’y reprendre nos jeux sensuels. La nuit fut brève et l’aurore nous jeta dans de nouvelles fièvres. Ce ne fut qu’au moment où Kadour déclara qu’il lui fallait se hâter afin de reprendre son service que je redescendis sur terre me rendant compte notamment que j’avais une famille qui devait nourrir quelques inquiétudes sur mon sort. Nous convînmes de nous rejoindre à l’hôtel dès le début de la soirée et je réservai notre chambre pour une seconde nuit. À condition, me spécifia l’hôtelier égrillard, que je sois plus discrète. Mon retour au bercail fut d’abord accompagné de cris de joie, qui changèrent instantanément de ton lorsque je racontai pourquoi je n’avais pas prévenu. — J’ai passé la nuit dans les bras d’un homme et les délices que j’y ai goûtés ont été si envoûtants que j’en ai tout oublié. Ma mère, immédiatement, alla à son essentiel : — Ma pauvre fille, tu ne veux quand même pas dire que tu as perdu la tête au point d’accorder ta virginité au premier venu ? Je ...
    ... ne me suis pas aussitôt rendu compte de l’étendue de ma faute. — Pucelle, mais il y a un an que je ne suis plus !— Il y a un an, c’est-à-dire là-bas et maintenant ici ? Tu couches avec tout le monde, tu es une traînée ! Dis-moi que je cauchemarde ?— Non, c’est le même, hier sur la Comédie, j’ai revu Kadour.— Kadour ? Je ne connais pas de Kadour à Montpellier.— Maman, il s’agit de Kadour Ferrad, le neveu de notre régisseur.— Ma petite fille, autant que je sache, nous n’avons pas de régisseur et si tu veux absolument te dépraver choisis au moins d’autres soupirants que des Arabes. Là, je compris enfin la gravité de mon cas. Il y avait dans la famille deux ennemis jurés : le traître De Gaulle et les Arabes. Ces derniers constituaient un agrégat informe, mais barbare, veule, ingrat, sauvage… bref, je ne saurais recopier l’ensemble des qualificatifs négatifs du dictionnaire. — Kadour n’est pas Arabe, maman et quand bien même il le serait, lui comme son oncle, nous ont fidèlement servis. Nous comptons nous marier le plus rapidement possible. Que n’avais-je dit là ! Ma mère en blêmit : — Toi ! Épouser un Arabe ! Tu déraisonnes complètement ! Notre discussion tourna à la dispute et s’envenima si fort que je fus bientôt consignée dans ma chambre avec interdiction d’en sortir avant le retour de mon père. À midi, les cris de celui-ci renforcèrent les pleurs de ma mère. À seize heures, je quittais définitivement le gîte familial n’emportant qu’un maigre bagage tandis qu’à dix-sept heures ...
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