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Réconfort & vieilles dentelles. III. La location d'été (2)
Datte: 28/09/2019, Catégories: Hétéro
... une envie partagée de passer du temps ensemble, que ce soit avec des amis ou des connaissances de passage. Le lendemain je me levai avec une humeur assez détestable. Il y a des jours comme ça. Je sentais que ça allait être une journée de merde, morose. Je traînais longtemps, ne regardant jamais l’heure, puis prenant un sac avec quelques vivres je partis au hasard, un petit plan dans la poche malgré tout. J’avais le bourdon, le moral dans les chaussettes. Je marchais et fulminais. Quand je n’ai pas le moral tout me fout en rogne. Ma femme – comme toutes les femmes de ma vie – ne le comprenait pas ; elles ne voyaient pas quand j’étais démoralisé : elles voyaient un mec énervé, pestant pour tout, se mettant en colère pour un rien. J’avais beau expliquer que les mecs c’est comme ça, c’était difficile. Les mystères de la planète Mars. Tout en randonnant j’avais ruminé, passé dans ma tête des idées noires. De mauvaise foi je me demandais ce que j’étais venu foutre dans ce coin perdu. Tout était merdique, ce lac aménagé mal entretenu, un peu crade. Le meilleur coin en accès payant. La plupart des sentiers de randonnée étaient impraticables parce que laissés à l’abandon. Pas assez fréquentés. Je me laissais porter par ma mauvaise humeur, alors que je savais pertinemment que faute de fric, cette région peu touristique n’avait pas les mêmes moyens que la Côte où je me serais cogné à des milliers de vacanciers et où j’aurais pesté, aurais encore moins supporté la foule ; je me serais ...
... énervé à cause des embouteillages, du bruit etc. En rentrant tôt dans la soirée, j’avais faim mais n’était pas assez courageux pour me faire un vrai repas. Je mangeai ce que j’avais dans le frigo, me réchauffai une boîte et regardai les conneries qui passaient à la télé avec un Bourbon (j’en avais fait provision.) Il faisait chaud et comme d’habitude j’avais laissé les portes et les fenêtres ouvertes. Ma logeuse entra et se fit entendre. Elle me sentit renfrogné. J’étais affalé dans le canapé, mon verre à la main. « - Bonsoir » me dit-elle. « Je voulais m’assurer que tout allait bien. — Oui tout va bien » lui répondis-je avec une voix qui devait être un peu pâteuse, « …je vous remercie. » J’étais malgré tout étonné. Deux soirs de suite, sa visite. Probablement un hasard. Elle s’approcha. « - Je vous ai apporté des mirabelles. Vous aimez ça ? — Oh oui bien-sûr. J’aime tous les fruits de la région » lui lançai-je d’un air qui se voulait goguenard. « Mais vous n’êtes pas de la région » pensai-je, « j’avais oublié. Enfin, je ne vais pas lui dire ça, je vais la faire fuir. » Dans la demi-obscurité, dans la clarté bleuâtre du téléviseur, je fus étonné de la voir venir s’asseoir à côté de moi, et le pire, de me dire : « - Ça n’a pas l’air d’aller, vous… » Tiens, serait-elle psychologue ? Ou infirmière. Prendrait-elle son rôle de bonne hôtesse à cœur ? Personne ne lui en demande autant. Pas même moi. Bon, bien-sûr, elle m’offrirait son gros cul ça serait le top. C’est encore ce qui me ...