1. Réconfort & vieilles dentelles. III. La location d'été (2)


    Datte: 28/09/2019, Catégories: Hétéro

    ... ferait le plus de bien. Mais pas ce soir, je ne suis pas en état. Je me décidai à lui répondre, après avoir bu une rasade de mon précieux breuvage : « - Qu’est-ce que vous voulez ? Il y a des jours avec et des jours sans… — C’est de revenir ici, hein ? Ça n’était pas la meilleure idée, n’est-ce pas… ? — Ça n’a rien à voir… enfin, ça n’est pas ça. Ailleurs ça serait pareil. J’ai parfois des moments comme ça. C’est comme ça, c’est la vie. » Un long silence s’ensuivit. Elle était assise tout près de moi, les jambes repliées. Nous étions sur ce petit canapé. Je pouvais sentir son odeur de femme, sa présence. Je percevais sa présence près de moi, le volume de son corps dans l’espace. C’est peut-être idiot mais ça m’apaisait, me rassurait peut-être. En tout cas ça me faisait du bien. J’étais assez bourré mais je n’osais pas trop bouger. Peur d’être inconvenant, d’avoir une attitude ridicule, d’avoir honte qu’elle ne voit que l’homme bourré, voire pitoyable, balourd, stupide. Soudain, par compassion sans doute, et parce qu’elle ne trouvait pas quoi dire pour me consoler ou parce qu’elle avait peur peut-être de me brusquer avec une parole maladroite, elle posa sa main sur mon avant-bras, dans un geste d’apaisement, voulant sans doute me transmettre son empathie. Tout naturellement alors, je me laissai aller sur le côté, jusqu’à ce que ma tête rencontre son épaule et y repose. Je me laissai ainsi m’appuyer sur elle, respirant sa chaleur, et posai doucement ma main sur son bras ...
    ... plein. Je ne fis rien de plus, elle n’eut aucun mouvement de retrait. Elle me laissa ainsi apaiser mon cœur. J’aurais voulu à ce moment-là rester ainsi et me laisser bercer par Louis Amstrong ou Billie Hollyday. Mais dans les brumes de l’alcool je n’entendais plus les débilités débitées par la télé, et ça m’allait. Elle devait se demander comment elle allait maintenant pouvoir me laisser. J’en avais conscience mais j’étais bien décidé à faire durer ce moment unique qui me faisait tant de bien. Je ne voulais pas la gêner, non plus. A un moment, après avoir attendu de longues secondes, peut-être trois ou quatre minutes, je lui dis doucement, presque dans un soupir : « - Je vous remercie. Ça me fait du bien. Beaucoup de bien. Ça ne vous semble peut-être pas grand-chose mais pour moi c’est tellement. » Ce fut pour elle comme un signal. Elle porta sa main à mon visage, me caressa un peu la joue, comme une mère qui calmerait son enfant. Elle ne devait pas savoir comment me quitter sans se sentir coupable. J’ajoutai : « - Ça va aller. Ne vous en faites pas. Aujourd’hui c’était un jour sans. Mais ça ne dure pas. Demain ça sera différent, ça sera fini. — Vous êtes sûr ? » demanda-t-elle, un peu inquiète. « - Mais oui. Je me connais. Je vous remercie beaucoup, Marie-Annick. Je suis très touché de votre attention. » C’était la première fois que je l’appelais par son prénom. Ça aurait pu paraître bizarre. Mais après tout, cette proximité de nos corps et son élan envers moi pouvaient ...