1. Lectures érotiques (7). Emmanuelle Arsan : Emmanuelle II, l’anti-vierge


    Datte: 11/11/2019, Catégories: Partouze / Groupe

    ... découvrir prenait alors un sens, réalisait un acte érotique, avec son protocole, ses préliminaires solennels. Elle se réjouit de n’être pas nue encore, de sorte qu’elle pouvait faire œuvre de beauté en le devant et donner forme ainsi à plus qu’une beauté immobile et déjà achevée : une beauté naissante, le moment ailé où l’argile devient seins, ventre, jambes, figure. Elle détacha d’abord sa ceinture, et sa tunique s’enfla de vent, puis glissa sur sa taille, découvrant son dos fléchi, creusé d’un long sillon qui le divisait de son ombre. Un instant, l’étoffe s’accrocha aux hanches, tordant autour des cuisses et des chevilles ces plis dont les sculpteurs ont tant aimé parer l’effigie de Vénus. Et elle semblait, en effet, surgie d’un songe antique, si conforme à ‘image préservée au long des siècles dans le cœur des hommes que son apparition laissait incrédule. Peut-être cette vision ne dura-t-elle qu’un éclair, et il dut suffire d’un mouvement des longs cheveux, du profil d’un sein ou de la minceur moderne de la taille pour que la statue perdît sa divinité : mais le corps vivant en avait, au passage, recueilli la grâce et restait paré d’un autre prestige et d’autres pouvoirs que de ceux de la chair. Du coup, ce n’était plus vers la beauté humaine qu’Emmanuelle, plus parfaite que les courbes divines, que se tendaient les mains des hommes, mais vers le leurre de pierre qui lui avait, le temps d’un mirage, prêté la magie de son irréalité immortelle. Les seins de rocher de ...
    ... l’Aphrodite de Cnide, s’ils vivaient de vie, qui leur accorderait un regard, auprès des seins d’Emmanuelle ? Et pourtant, si inimitable, même par l’artisan des dieux, que fût la perfection de ses seins de femme, nul ne portera jamais à l’Emmanuelle de chair autant d’amour que l’indicible amour, l’amour chimérique qui brûla ceux, dans les temples et dans les grottes où ils la tenaient prisonnière, qui violèrent la déesse de pierre dont les hommes interrogent encore, sans comprendre, le torse foudroyé. Le prince et Michaël, ne disant mot, regardaient la fantasmagorie se fonde dans les eaux. Les rides du bassin la brisaient ; elle se morcelait, ses fragments cessaient d’être. Elle finit par s’abolir sans retour et le nuage de sa chevelure surnagea seul, comme la tache noire qui rappelle longtemps à la surface de la mer la trière engloutie, avec ses amphores aux flancs ornés de jeunes filles, leurs danses pieuses et leurs rêves d’îles. Michaël se dévêtit et rejoignit Emmanuelle, au milieu des antigones et des jasmins tombés qui embaumaient la vasque. Ils se laissèrent flotter, pris parfois aux rets de longues tiges aquatiques, ou jouant à plonger sous les feuilles natantes, géantes et plates, de ces nénuphars que l’on dit capables de porter le poids d’un homme. Le prince était parti. Ils se serrèrent l’un contre l’autre. Les sens d’Emmanuelle s’émurent à effleurer la verge longue et dure comme une flûte qui disait le désir de l’homme. Il tenta de lui faire l’amour dans l’eau : avec ...
«1234...7»