1. Bacchanales (1)


    Datte: 15/11/2019, Catégories: Lesbienne

    ... Caligula. Le destin de la fillette venait de basculer. – Oh non, s’offusqua-t-elle d’un sourire contraint afin de chasser quelques miasmes d’une tristesse latente, vous lui avez donné votre parole de faire mon bonheur. Mais je vous obéirai, c’est promis. – Tu as mon entière confiance, concéda l’empereur satisfait. Aussi, je t’adopterai au regard de la loi à la prochaine séance plénière au sénat. La princesse stupéfaite déglutit puis se composa un visage de circonstance. Elle avait appris au fil des ans à connaître cet homme secret dont la vive intelligence compensait l’ingratitude physique, à l’apprécier comme elle chérissait Rome et ses habitants. Mais une telle considération dissimulait à n’en pas douter un dessein moins avouable. – Ô cher oncle ! Votre intérêt me touche, balbutia-t-elle décontenancée, jamais je ne serai digne de cet honneur. – Bien sûr que si, coupa l’empereur d’un geste de la main, et tu devras te marier. Un de tes prétendants n’est-il pas un jeune tribun de bonne famille ? En attendant, l’instant est venu de recevoir tes invités. La princesse acquiesça d’un simple mouvement de tête. Le 11 septembre de l’an 48 selon le calendrier modifié par Jules César, le jour même de l’équinoxe prévu par les astronomes, Rome s’apprêtait à célébrer l’anniversaire de la princesse dans une débauche de cérémonies plus ou moins officielles. Le peuple allait danser, boire et manger, s’amuser au cours des jours à venir. L’empereur avait ordonné de marquer ainsi les ...
    ... dix-huit ans de sa nièce. À quelques pas de l’amphithéâtre Flavien, une longue file bigarrée de praticiens et de plébéiens bruissait aux portes de la vaste Aula Regia, où Claude recevait d’habitude les délégations venues des quatre coins de l’Empire. Aurélia remercia le garçonnet vêtu d’une tunique douteuse venu lui faire la bise. La personne célébrée se devait d’accepter tous les cadeaux à son anniversaire, même une simple marque d’affection. Un paysan avait marché des jours afin de lui offrir un veau, un marchand avait vogué des semaines pour lui apporter une étoffe, un dignitaire la couvrait d’une somptueuse robe brodée d’or, un prince barbare déposait à ses pieds des bijoux sertis de pierres flamboyantes. Thracius Genucius s’avança d’une démarche solennelle jusqu’au pied du trône avant de s’effacer devant un esclave porteur d’un coussin brodé d’or sur lequel reposait un diadème paré de perles. Une rumeur s’éleva au sein de l’assemblée attentive. – Quelle allure, mon ami, le tança Aurélia en signe de défi, il ne te manque que la toge pourpre et on pourrait te croire triomphateur à Rome. – Cette parure appartenait à ma mère qui la tenait de la sienne, grimaça le patricien irrité d’entendre que l’attitude à son égard provoquait quelques rires. Elle sera le lien entre nos maisons désormais. Crispée sur le trône, Aurélia saisit aussitôt la nature du piège. Le baiser du garçonnet avait au moins la saveur de la sincérité. Refuser un cadeau représentait une offense que la princesse ne ...
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