1. Bacchanales (1)


    Datte: 15/11/2019, Catégories: Lesbienne

    ... apprendre à se servir tôt afin d’en maîtriser les différentes facettes. Aussi dans les maisons de certains dignitaires confiait-on à des esclaves le soin d’éveiller les jeunes gens aux plaisirs amoureux. – Ne me laisse pas dans l’ignorance, ma douce amie, implora la princesse jusque là préservée de l’odieuse tradition. – J’avais treize ans, déglutit l’intéressée d’une voix hachée par l’émotion, le jour où on est venu me chercher à la maison, un horrible souvenir. J’en ai voué mes parents à la colère des dieux. Comme d’autres Romaines de naissance, Lyvie était devenue esclave en paiement d’une dette paternelle ; le nexum consistait à offrir un membre de sa famille en garantie. La disparition du père endetté avait entériné la transaction jusqu’à ce que la princesse la prenne sous sa protection. Un véritable lien d’amitié les unissait désormais, aussi la jeune femme avait refusé plusieurs fois d’être affranchie. La liberté l’aurait condamnée au mariage avec un sous-citoyen capable de l’entretenir ou à la prostitution, la notion de citoyenne n’existait pas. – Ma pauvre ! s’offusqua la princesse sincèrement affectée. Cette première fois a été douloureuse, je présume. – Les autres aussi, admit Lyvie détachée comme si cette histoire n’était pas la sienne. Le plaisir d’une femme vient quand elle se donne, jamais quand on la prend de force. – Tout est prêt pour ce soir ? se reprit Aurélia confrontée au malaise de la servante. Je suis désolée de t’avoir mise dans l’embarras avec mes ...
    ... questions stupides. – Ne le sois pas, assura Lyvie, je dois mon bonheur présent à ta générosité. Nous retrouverons tes amies sur la rive du fleuve. – Parfait. Nous devons nous montrer prudentes avec ce genre de réunion, ne soyons pas des proies trop faciles. La princesse caressa l’ovale doux du visage aux traits fins sous les longs cheveux châtains, les sourcils joliment dessinés, le petit nez parsemé de légères taches de son, les joues pleines et la bouche à la lèvre inférieure délicieusement ourlée, elle s’imprégna du profond regard de biche. Lyvietroublée tourna la tête. Selon la coutume, un banquet mettait un terme à la journée de célébration auquel toute la famille était conviée sans espoir d’y échapper, mais que l’hôte fêté ne pouvait en aucun cas honorer de sa présence. L’empereur peu amateur de débordements festifs accueillit la vingtaine d’invités avec une chaleur exagérée, prêt à jouer un rôle dont il se serait volontiers passé. L’opportunité était belle pour la princesse de négliger enfin les usages imposés par son rang. Elle rejoignit la rive du Tibre avant la tombée de la nuit, désireuse de veiller aux ultimes préparatifs de la fête. Les serviteurs déposèrent avec soin la litière de leur maîtresse sur le sable puis se joignirent aux gardes prétoriens afin d’interdire l’accès des lieux aux indésirables. Aurélia se laissa charmer un instant par le chant du fleuve bordant la grande cité ; la nature avait sur elle cet effet apaisant relaté dans les œuvres des poètes ...
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