1. Bacchanales (1)


    Datte: 15/11/2019, Catégories: Lesbienne

    ... d’un autre temps narrées par des conteurs au verbe coloré. Le crissement du sable fin de la berge l’incita à se retourner, le soleil bas illumina un sourire complice. – Ma chère amie, s’extasia Valéria, tu ressembles à une de ces nymphes gardiennes de la nature dont les Grecs nourrissent leurs histoires. L’apparition d’autres jeunes filles priva la princesse du plaisir d’une réplique. Les serviteurs déposèrent les litières avant de rejoindre les gardes par-delà le haut monticule de terre recouvert d’une herbe tendre clairsemée de fleurs sauvages tardives. – Zélie, Antonia, s’enthousiasma Aurélia en leur baisant la joue. Notre chère Oriane n’est pas avec vous ? – Me voici, s’écria un timbre aigu noyé dans un rire sonore. Qui manque à la fête ? – Aella, Sylvia et sa sœur Constanta, prévint Valéria après avoir salué l’assemblée. Elles ne vont pas tarder. Les jeunes femmes âgées de dix-huit à vingt ans se comptèrent bientôt huit, la moitié accompagnée d’une servante qui se mêla à ses condisciples à l’entretien du grand feu de bois ou à la préparation du festin de viandes rôties et de fruits frais dans une ambiance bucolique digne d’un rassemblement de vierges destinées à un ancestral rite initiatique. La princesse aimait s’entourer d’amies aux pensées réformistes comme les siennes, privilège pardonné dans certaines limites à la jeunesse de la préture ; filles de sénateurs et de magistrats, elles avaient jusque là échappé au mariage forcé. – Notre adorable Valéria a ouvert ...
    ... mon esprit sur une heureuse conception, avança Aurélia insouciante, si nous faisions de cette assemblée celle des naïades protectrices du grand fleuve ? La princesse pour l’exemple se libéra de sa longue tunique blanche. La lueur vive des flammes illumina sa silhouette dans l’instant particulier qui voyait le jour se fondre dans la nuit, projetant des ombres gigantesques sur la berge. – L’idée est séduisante, s’emporta Constanta enthousiaste. Montrons-nous telles que la nature nous a voulues, Vénus dans sa bonté protège Rome de la fraîcheur ce soir. Toutes les jeunes femmes exposèrent leur nudité au soleil couchant. – Venez donc participer aux libations, commanda Valéria à l’intention des servantes rassemblées à l’écart. Et enlevez ces tuniques, vous êtes nos égales ce soir. – Ce n’est pas toujours simple, fit remarquer Aella, jolie blonde de dix-huit ans, mais certaines manquent de caractère. Il faut savoir dire non. – Mon père cherche à me marier depuis mes douze ans, renchérit Sylvia en lissant ses longs cheveux roux d’habitude retenus en chignon sur la nuque. Les jeunes femmes autour du feu peinaient à ne pas évoquer sous l’emprise du vin le principal souci de leur existence. De la préture ou de la plèbe, une fille était destinée à être mariée, et le choix de l’époux lui incombait rarement. – Vous avez vu ce vieillard bouffi de prélat Tercius Erratus, grimaça Constanta, il exhibe sa nouvelle épouse comme un vulgaire trophée, la pauvre n’a pas treize ans. La loi de Rome ...
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