1. Dominique


    Datte: 12/02/2020, Catégories: hh, telnet, hsoumis, Oral portrait,

    ... cette expression peut s’employer amicalement, mais nous on ne se connaissait pas. » Je ne répondis pas, ne sachant quoi dire et au bout d’une minute le fameux clignotement apparut et j’ouvris un autre message. — Bon, tu ne réponds pas je vois, alors je ne vais pas te déranger plus longtemps et je te souhaite une bonne soirée. Je m’empressai d’écrire avant qu’il ne coupe. — Non !— Quoi, non ?— Ne coupe pas s’il te plaît, j’ai besoin de te parler, je n’ai pensé qu’à ça toute la journée.— Bon OK, alors tu vas me parler de tout ce qu’est ta vie, je veux tout savoir, tes études, ton travail, tes amours. Ne me cache rien. J’acquiesçai et pendant près de deux heures je me confiai à lui, je lui racontai tout, même des choses très personnelles que je n’avais jamais révélées à personne. C’est ça, la magie d’Internet, de n’avoir en face de soi qu’un écran anonyme, de ne pas sentir le regard au risque réprobateur de son interlocuteur ; votre correspondant ne connaît ni votre nom de famille, ni votre adresse, ni même votre numéro de téléphone, vous pouvez vous en aller quand vous voulez en ayant l’assurance de clore définitivement cet échange. Mais avec François, c’était différent, je me laissais faire en baissant mes gardes. Je lui parlai donc de tout, mes goûts, mes opinions politiques, mes loisirs. Lui ne parlait pas beaucoup, il me distillait juste quelques petites informations par-ci par-là, selon ses humeurs. Ou bien était-ce une façon d’agir choisie ? Par exemple, quand je lui ai ...
    ... dit qu’en foot je soutenais l’équipe de Lens, il me dit que lui aussi. J’appris tout de même qu’il était divorcé et qu’il était avocat, ce qui me rassura, car ça lui conférait déjà un certain statut social, gage d’éducation et de savoir-vivre. Le temps passa vite, trop vite à mon goût et il finit par me dire qu’il était fatigué et que de plus il n’avait pas dîné. Je le remerciai en le priant de m’excuser d’avoir été si bavard. Le lendemain nous nous retrouvâmes, le surlendemain aussi ; plusieurs jours passèrent et je ne me lassais pas de lui distiller mes états d’âme. Ce soir-là, je me branchai comme d’habitude et attendis son arrivée. Entretemps, je zappais d’autres interlocuteurs qui cherchaient à me brancher. Le temps passa et au bout d’une heure il n’était toujours pas là. Je finis par me déconnecter à regret. Le lendemain, pareil ; je passai la soirée à l’attendre, j’étais triste. Tous les soirs depuis une semaine j’étais branché là, comme un idiot devant cet écran silencieux, je ne voulais pas me résoudre à comprendre qu’il ne voulait plus me parler. Quand un soir, je me souviens que c’était un vendredi, je vis enfin son pseudo :François51. Mon cœur battit la chamade, je le sentais cogner sous ma chemise. Je m’empressai de lui écrire. — Enfin tu es là.— Oui.— Comment ça se fait que tu n’es plus venu depuis une semaine ?— J’ai des comptes à te rendre ?— Non… J’attendis la réponse un long moment. — Je voulais te tester.— Comment ça, me tester ?— Je voulais savoir si tu ...
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