1. Petits secrets de village - Carole et Fanny


    Datte: 01/03/2020, Catégories: Entre-nous, Hétéro

    ... sans arrêt. Ces marques, Caroline connaissait bien. Elle avait, avec son mari, fréquenté un temps des clubs libertins, puis des clubs plus spécialisés, où tous les deux cherchaient d’autres plaisirs. Elle avait découvert ces pratiques. Elle en avait connu les deux faces : celle où elle était « victime », celle où elle « dominait ». De ces expériences elle gardait un souvenir fort, souvenir de plaisirs violents, de cravaches et de cordes, de fouets et de baillons. Jamais depuis son divorce elle n’était retournée dans ces clubs mais souvent elle était hantée par ce qu’elle y avait vu et vécu, se souvenait que de retour chez elle après une soirée c’était ces mêmes marques qu’elle avait observées sur son propre corps dans les miroirs de sa chambre, que des marques identiques, dans une pièce sombre à l’éclairage tamisé, elle en avait elle-même imprimé dans la chair d’une femme ou d’un homme de rencontre, sur son mari aussi, et qu’elle y avait pris autant de plaisir qu’en étant à leur place, pieds et chevilles liés sur une grande croix de bois. Tous les souvenirs lui revenaient et elle en était troublée, rêvait dans son lit tous les soirs du corps dénudé de Fanny depuis le mercredi de la semaine précédente. En la suivant et en la forçant à se déshabiller devant elle, Caro avait voulu la punir de cette vieille gifle et du ton moralisateur qu’elle avait si souvent, en la faisant parler et dire d’où lui venaient ses traces sur son corps, se moquer d’elle sans doute. Mais elle avait ...
    ... été si troublée à la vue des marques sur son corps, aux souvenirs de ses propres expériences, qu’elle n’avait pu que la prendre dans ses bras et essuyer ses larmes, renonçant aux questions, saisie d’un sentiment trouble qu’elle avait voulu lui cacher. Elle en était sûre, Fanny n’avait rien deviné de la gêne soudaine qu’elle avait ressentie. Après le départ de Brigitte et Julia, Caroline est restée un long moment assise dans sa voiture devant le Collège, tapotant nerveusement d’un doigt sur le volant, indécise, cherchant un prétexte pour passer à la boutique de Fanny, indécise sur ce qu’elle en attendait. Elle s’est garée sur la place de la mairie, a fait les quelques courses dont elle avait besoin à la superette et à la boucherie, et en allant vers la librairie, a aperçu Fanny sur le trottoir à côté d’un camion de livraison. — Bonjour ! T’étais déjà partie … on s’est pas vues, ce matin. — T’étais en retard ? — Juste à temps ! Je … tu veux un coup de main ? Une semaine plus tôt, jamais Caroline n’aurait proposé son aide. Une semaine plus tôt, jamais Fanny n’aurait accepté. Elles ont mis une heure à transporter les cartons livrés de la boutique à la réserve, à l’arrière du magasin. Quelques regards échangés, quelques sourires crispés. Elles ne s’étaient pas revues depuis le mercredi précédent chez Julia et ce qui s’était passé dans la salle de bain. Et sans qu’elles s’en rendent compte, ces instants-là étaient en permanence à l’esprit de l’une comme de l’autre, liées par un ...
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