Les Héritières (1) - Histoires de Sexe

Les Héritières (1)

... indéfinissable fascinait son auditoire sans avoir à parler ; il en était ainsi à chaque nouvelle session. – Bonsoir, mesdemoiselles. C’est un bonheur de vous accueillir en ce lieu, plaisir qui sera bientôt partagé, je n’en doute pas. Bien entendu, le personnel se tient à votre entière disposition. Vous serez investies au cours des prochaines semaines des connaissances multiples et variées qui feront de vous la fine fleur de notre communauté à travers le monde. Une part non négligeable de l’enseignement est personnalisée et, comme vous le voyez, nous ne sommes pas nombreuses, aussi soyez charitables avec vos professeurs qui méritent toute votre confiance, sourit Sappho en levant sa coupe de champagne. Nous comptons sur votre application pour perpétuer l’excellence prônée par notre université, bienvenues chez les Héritières. Les langues se déliaient au petit-déjeuner sous le regard mi-amusé mi-attendri de la surveillante, il en était ainsi tous les ans après la première nuit. Karen dans sa chambre voisine du dortoir avait longuement écouté le silence la veille à l’instant de se coucher, guettant un bruit de pas suspect ou des éclats de voix, en vain. Les premières tentatives de rapprochement ce matin montrait une évolution certes réelle mais encore timide. – Rien à signaler ? demanda Emmy curieuse après une bise sur la joue de son amie et collègue. – D’un ennui mortel. J’en aurai davantage à te raconter dans les jours à venir, soupira d’aise la surveillante. L’ambiance ...

... semblait détendue à la table en contrebas de l’estrade, les pensionnaires se livraient à quelques révélations murmurées, en général avec leur voisine de lit, pour ne pas attirer l’attention. Les rapprochements par affinités se feraient après les premiers cours. Emmy et Karen jouaient à deviner les couples probables, comme la brune Carla et la blonde Juliette, Anne et Chloé ou Alix et Saejin. Les dix autres montraient moins d’empressement à lier connaissance. – C’est notre première Coréenne, je crois, remarqua la surveillante l’œil brillant. L’intérêt non dissimulé de son amie fit sourire l’assistante qui connaissait l’histoire de chacune des étudiantes. – Ses parents ont émigré en 1997, sa mère est arrivée enceinte à Paris. Le parcours le plus atypique est celui de Carla qui a vécu seize ans avec sa mère à Montréal avant de rejoindre son père en Espagne. – Et la voici en région parisienne, soupira Karen pensive. Intégrer l’université des Héritières représentait un privilège rare. La sélection, basée sur des critères intellectuels et physiques d’excellence, s’étalait sur la première année de fac. Des observatrices surveillaient en toute discrétion les potentielles, ainsi nommées par la directrice, dans chacun des aspects de leur vie publique et privée. Seize noms, ni plus ni moins, étaient retenus. Les étudiantes se voyaient invitées de juin à septembre au Domaine des Fosses non loin de Versailles. Management, géopolitique, histoire et psychologie étaient au programme, les jeunes ...