Les récits de Sandie. N°1
Datte: 05/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
... dire était préférable. Mais la rentrée était proche et je devais impérativement y aller. Il était monté à Avignon. Il avait la soixantaine passée, très grand, maigre presque décharné. Ses cheveux étaient gris et rares, un regard très clair, une peau presque translucide, comme un vieux parchemin. Le costume gris lui donnait un air important. Il s’était installé sur la banquette face à moi. Le wagon de première n’était pas plein, mais les numéros des places faisaient que c’était la sienne… Depuis Toulon j’avais fait le voyage seule, et il ne me semblait pas être de mauvaise compagnie. C’est lui qui, au bout d’un petit moment engagea la conversation. Il venait de passer deux ou trois jours chez son fils à Avignon et regagnait Lyon où il y vivait seul, étant veuf, depuis un certain temps. Je lui expliquais le but de mon voyage. Il me parla de lui, de sa vie. Il était en retraite et s’occupait d’une ou plusieurs associations. Il connaissait très bien la Réunion pour y avoir été en poste comme instituteur bien des années auparavant. Il me parlait de ses souvenirs, je lui racontais une partie de ma vie. Il était charmant et très agréable. Des yeux bleus magnifiques et ses mains étaient presque jaunes avec des doigts très longs. Des mains de pianiste m’avait-il dit à un moment. Le contrôleur qui passait contrôla nos billets et j’en profitai pour lui demander des renseignements sur les correspondances. Je savais que je devais changer à Lyon, un contrôleur me l’avait dit ce midi à ...
... Toulon. Je n’en savais pas plus. Lorsqu’il me répondit que je devais changer de gare et, que de toute façon ma prochaine correspondance pour Vichy via Saint-Germain-des Fossés nécessitait plus de cinq heures d’attente, j’étais pour le moins surprise et ennuyée. Je lui demandais d’avoir la gentillesse de bien vouloir vérifier. J’avais bien cinq heures d’attente et n’arriverais que le soir tard à Vichy. Je m’en voulais d’avoir pris à midi le train sur un coup de tête, sans avoir au préalable demandé plus de renseignements. Jean m’avait bien dit que si je devais y aller en train, je devrais changer à Lyon et à Saint-Germain-des Fossés. Mais j’aurais dû partir plus tôt pour avoir une meilleure correspondance. Je ne le savais pas. Je pensais que les trains, c’était comme les cars à la Réunion, qu’il y en avait toute les trente ou quarante minutes. Mon nouveau compagnon de voyage qui m’avait dit son nom, Roger, comprenait mon désarroi. Ce n’est pas très agréable de passer plus de cinq heures dans le hall d’une gare ou en salle d’attente. Surtout en hiver, depuis mon départ ce midi, le temps c’était dégradé. Et, plus on approchait de Lyon plus il faisait gris. Il tenta de me redonner confiance en me disant qu’il fallait se renseigner à Lyon sur d’autres correspondances. Et que de toute façon, il lui serait agréable de me recevoir chez lui ce laps de temps, qu’il vivait à quelques minutes de la gare de Lyon-Part Dieu. Il me raccompagnerait à la gare, en taxi le moment venu. Je déclinais ...