Douanière zen
Datte: 05/05/2020,
Catégories:
fh,
asie,
uniforme,
sport,
forêt,
Collègues / Travail
amour,
fdomine,
cérébral,
intermast,
pénétratio,
jeu,
init,
humour,
Ce texte est le dernier de la série sur les brocanteurs. Ultime tentative de montrer que quelques-uns parmi nous savent non seulement lire, mais aussi un peu écrire et surtout finement profiter des belles choses de la vie. Un peu d’élégance dans ce monde de brutes, que diable… Pour les non-initiés, un lexique des termes japonais se trouve à la fin du récit. J’habite non loin de la frontière suisse et mes activités de brocanteur m’amènent parfois à passer de l’autre côté avec une camionnette. Elle ne tient plus que par la force de l’habitude, mais elle roule. Il faut reconnaître qu’avec ce qu’on a vécu ensemble un certain lien s’est établi et je n’ai aucune envie de m’en séparer. Est-ce dû à l’apparence délabrée du véhicule ou à quelque chose dans mon attitude mais, depuis quelque temps, je suis devenu un client très apprécié de la maréchaussée. Qu’un agent de circulation décide de vérifier l’état des véhicules dans son secteur, je suis le premier arrêté ! Qu’une patrouille volante des douanes s’installe à un poste habituellement non desservi, c’est moi qui suis contrôlé ! Alors que les autres voitures passent sans encombre. Je m’en suis fait une raison et prépare mes excursions transfrontalières en conséquence, arborant une mine de circonstance et veillant scrupuleusement à ce que mes papiers soient en règle. Je fais aussi attention à laisser un minimum de marchandises en évidence, pour capter l’intérêt du fonctionnaire zélé, tout en sachant qu’il ne pourra rien leur ...
... reprocher. Alors que ce qui assure la survie de mon commerce reste soigneusement hors de sa vue… Bref, j’étais détendu et sûr de moi en me présentant au poste frontière franco-suisse par ce chaud matin de juillet. J’allais d’ailleurs en toute légalité récupérer des meubles dans la ferme d’un copain helvète et ma camionnette était pour une fois réellement vide. Ce que je me suis fait un plaisir de déclarer, après avoir salué très aimablement le préposé aux douanes et surtout sa jeune et fort jolie collègue. Grave erreur que le chef d’équipe s’empressa de relever après avoir scruté mon Ford sous toutes ses coutures… — Vide, vide, et ça, c’est quoi ? Il désignait d’un index inquisiteur du matériel de tir à l’arc japonais resté dans mon véhicule depuis le dernier entraînement et dont j’avais oublié l’existence. Il faut dire qu’étant seul de notre groupe dekyudo (1) à disposer d’un moyen de transport adéquat, je suis responsable, en été, d’amener les éléments nécessaires à la pratique du tir en plein air. J’avais bien laissé les objets volumineux chez moi, mais l’arc, le gant et les flèches étaient encore là. Toutes choses qui peuvent sembler mystérieuses à qui ne connaît pas cette pratique orientale. Je m’extirpe de la cabine du conducteur et m’excuse platement de cette omission, en détaillant à quoi sert chaque objet. Le chef de poste reste de marbre. Ça fait trop longtemps qu’il attend de me prendre en faute et il n’a pas la moindre intention de se contenter de cette explication. Il ...