Mister Hyde - 14
Datte: 15/05/2020,
Catégories:
Entre-nous,
Hétéro
... au boulot dit-il en évacuant la question d’un geste de la main. Êtes-vous libre ce soir ? Nous pourrions dîner… La question prit Lucile au dépourvu mais son cœur fit un bond. Elle acquiesça en bafouillant. - OK ! Je passe vous prendre. On dit, dix-neuf heures devant « Monta » ? - « Monta » ? Vous appelez le lycée « Monta » … ? - Bah oui ! Tous les élèves l’appellent comme ça… Non ? - Si mais… - Si ça se trouve, nous avons eu les mêmes profs. On en reparlera ce soir. A ce soir… Et il raccrocha. A l’autre bout des ondes, la jeune fille était sidérée. Le coup de fil ne s’était absolument pas passé comme elle l’avait prévu. Dès la première minute, elle s’était sentie attirée par cet homme. Il y avait autour de lui une aura de douceur matinée de violence féline qui éveillait sa curiosité et ses sens. Quand elle pensait à lui – ce qui arrivait de plus en plus fréquemment – elle l’imaginait comme un tigre, silencieux, à l’affût d’une proie qu’il n’attaquait jamais que les griffes rentrées. Or, il venait de passer à l’attaque et elle sentait la vigueur de ses pattes sur son cœur et, dans son ventre. La journée allait être longue. Celle de Frédéric en revanche, fut courte. Il se réveilla vers seize heures, prit une douche et s’habilla. Il étudia ensuite son temps de trajet tout en avalant un café. Il décida de partir vers dix-sept heures trente : un peu de marche à pieds de la rue Molière à l’opéra, bus 52 jusqu’au pont de Levallois terminal de la ligne puis, rebelotte, un peu de ...
... marche pour traverser le pont et atteindre sa destination. En chemin, il commanda une voiture pour dix-neuf heures à la station de la place Mermoz et, serein, il s’installa dans le bus et ouvrit son bouquin. *** Dix-huit heures trente… Le temps passait décidément avec une lenteur d’escargot. Lucile était à bout de patience. Elle était rentrée chez elle vers quinze heures après une séance shopping. Pour l’occasion, elle s’était offert un ensemble de dessous et des bas auto-fixant, une nouvelle jupe pas trop courte mais un peu quand même, et un chemisier au décolleté plongeant. Elle avait lavé les dessous à la main avant de les sécher au sèche-cheveux, repassé jupe et chemisier et avait revêtu le tout. L’image que lui renvoya sa psyché ne la satisfit pas le moins du monde : elle avait l’air d’une godiche déguisée. Elle passa le reste de l’après-midi en essayages mais aucune tenue ne lui plut. Désespérée, elle s’affubla d’une robe en jean noir sous laquelle elle n’enfila que ses bas. Ce n’est pas joli mais au moins, je suis moi décida-t-elle et elle regarda son téléphone pour la millième fois en priant qu’il n’ait pas annulé. *** Ils se retrouvèrent à l’heure dite au lieu dit. Aucun des deux n’était en avance, aucun des deux en retard. Elle, avait traversé la rue à dix-huit heures cinquante-neuf tandis qu’il semblait arriver du pont. Ils se firent signe. Il lui tendit la main, elle l’embrassa sur les deux joues. Il portait un parfum boisé qui confirmait l’image du tigre. *** Tandis ...