1. Le plombier


    Datte: 29/05/2020, Catégories: fh, extracon, Collègues / Travail préservati, bourge,

    Arnault et Julie étaient d’accord : il fallait agrandir la maison. Trop d’enfants, trop d’affaires, pas assez de place. Tout s’est déroulé comme prévu, les devis, les plans, le permis de construire. Trois ouvriers sont venus tous les jours pendant deux mois. Julie les a observés le premier jour avec curiosité. Elle appréhendait plus ou moins consciemment la venue de ces hommes rustres, forts, suants. Elle imaginait quelque chose comme Marlon Brando dansUn tramway nommé désir. En fait de Marlon Brando, l’un était grisonnant, l’autre nabot, et le troisième gringalet avec les dents de travers. Sérieux, sympathiques, mais rien des objets sexuels escomptés. Ce n’était pas plus mal. Les travaux avançaient bien. La nouvelle salle de bain allait pouvoir commencer. La première fois qu’elle a vu le plombier, elle rentrait du travail et il était en train de sortir du matériel de sa camionnette, de dos. Quelle carrure, enfin un mâle dans toute sa splendeur ! Côté face, pas mal non plus, brun, l’œil vif, souriant à pleines dents. Ils sont rentrés ensemble dans la maison. Elle lui a donné quelques détails sur leurs projets. Sa bouche parlait de l’emplacement des tuyaux existants, de l’endroit où il faudrait faire passer les nouvelles canalisations, et ses yeux caressaient les larges épaules. Le mercredi suivant il est seul à travailler, le gros œuvre est fini et c’est son jour de repos à elle, les enfants sont à l’école, le mari au travail. Elle s’est beaucoup retournée dans la nuit, ...
    ... rêvant de robinets, de cabine de douche, de jet brûlant, de clé à pipe (depuis qu’ils sont dans les travaux, elle a acquis du vocabulaire). Elle, lui, dans la maison vide. Elle avance comme une somnambule au milieu d’un épais nuage de brouillard. Tenter quelque chose ? Ridicule. Le plombier, enfin, elle n’est pas ce genre de femme ! Mais il est là, à l’étage au-dessus, chez elle, seul, ses bras dessinés à travers son tee-shirt, ses omoplates qui saillent quand il se penche sur ses chères canalisations, ses mains larges comme deux fois les siennes, douces et subtiles avec les joints et les écrous (elle l’a déjà observé à la dérobée). C’est une belle journée de mai. Sans y penser (mais en y pensant) elle a passé une petite robe courte. Ce serait dommage de ne pas profiter des premiers rayons de soleil du printemps. Elle se fait du thé. Elle lui en propose une tasse. Une tasse de thé, c’est bien, aucune ambiguïté, il n’a peut-être pas eu le temps de déjeuner, lui non plus. Oui, il veut bien, il a été un peu bousculé parce qu’il a dû emmener sa file à l’école. Tiens, vous avez des enfants ? Elle s’avance avec sa tasse, évitant agilement les pots de peinture et d’enduit, les outils qui jonchaient le sol. Le problème, c’est qu’à ce stade de l’aménagement, il n’y a ni table, ni chaise, ni commode pour poser la tasse. Il y a bien le rebord du lavabo, mais cela implique d’enjamber le plombier allongé par terre. Non, elle ne peut pas faire cela. Elle est là, la tasse à la main, il la ...
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