Bérengère
Datte: 03/10/2017,
Catégories:
fh,
fplusag,
religion,
poilu(e)s,
bizarre,
odeurs,
intermast,
Oral
pénétratio,
fdanus,
... kermesse, vers vingt heures, je me présentai donc chez Bérengère avec un petit bouquet de fleurs à la main. Je ne m’étais vraiment pas cassé, juste quelques fleurs que j’avais chipées à la va-vite sur les parterres d’un voisin, mais elle en parut néanmoins très touchée. Elle habitait une vieille baraque, d’aspect assez désuet, juste en face du cimetière (où reposait, cela va de soi, son pauvre mari défunt, m’avait-elle un jour confié…). Dans cette masure, rien que des vieilleries, cela sentait très fort l’encaustique, les vieux parquets grinçaient, et c’était obligatoire de mettre les patins pour circuler. Elle m’a dirigé vers la salle à manger. Le portrait du maître de maison trônait sur le mur principal dans un grand cadre en bois entouré de deux croix, on ne pouvait pas le louper. Il nous observait d’un air pas franc, passablement rigide. Moi qui avais rencontré deux ou trois fois l’original, il me semblait être, sur cette vieille croûte, plutôt à son avantage. Il était surtout beaucoup plus jeune que dans la réalité. Le visage taillé à la serpe, droit comme un i, il posait en redingote, un échappé du 19ème siècle ! Pas besoin de préciser que la conversation tournait inévitablement autour de ce curieux personnage. Cela avait été, de toute façon un mari formidable, une compagnon idéal et un homme très pieux, avec un très grand sens des responsabilités… Mes tentatives pour parler d’autre chose restèrent vaines. Le repas était correct, un peu lourd, mais correct. Le vin ...
... était parfait, frais et gouleyant. Sans m’en apercevoir, je ne tardai pas à être un brin éméché. Elle continuait à déblatérer, tandis que moi j’étais dans les volutes. J’acquiesçais de la tête, de temps à autres, mais les exploits fantastiques de son fabuleux mari ne m’atteignaient déjà plus. J’étais, pour ma part, beaucoup plus axé sur les gros boutons qui paradaient sur le visage de cette vieille toquée. J’aurais voulu les arracher une à une, ces sinistres excroissances, je trouvais ça si moche ! Mon mari ceci, mon mari cela.« Mais ton mari, pauvre tanche, il se tape une grosse morue qui s’est faite sauter par la moitié d’un village, il est cocu jusqu’à l’os et il en redemande ». C’est le genre de chose qu’il vaut mieux ne pas dire. Vint enfin l’heure du café, pousse-café, et re-pousse, ainsi qu’un bon cigare. J’eus à peine la force de me lever pour m’affaler dans un profond fauteuil. Elle s’en fut un instant et je pus regarder les flammes crépiter dans la cheminée en toute tranquillité, un Havane dans une main et un verre de poire dans l’autre. J’ai même tendu mon verre vers cet horrible portrait :« A ta santé, vieux frère ! ». Tu m’étonnes qu’il l’ait quittée, à part boire et fumer, il n’y avait rien d’autre à faire dans cette cambuse. — Cette boîte de cigares, c’est un très bon client qui lui avait donnée, me dit-elle à son retour. Georges était travailleur et intègre, toujours très apprécié par ses supérieurs. Je ne pouvais pas le croire, vingt ans d’âge qu’ils avaient ces ...