Un merveilleux don
Datte: 19/07/2020,
Catégories:
bizarre,
Oral
humour,
fantastiqu,
fantastiq,
... aspirine dans les tiroirs du bureau. Que dalle, nada, brouzouf ! Trier ce fatras de papiers et de fournitures ne serait pas du luxe. Plus tard, peut-être… Déjà assez à la bourre comme ça, avec en plus mon agent qui me harcelait au téléphone. Que s’imaginait-il ? Que c’était par plaisir que je faisais poireauter les clients ? Je ne pris pas la peine de rappeler, relisant plutôt les dernières lignes tapées avant que cette inconscience étrange ne me happe. Bon dieu, que c’était mauvais ! Mauvais à un point inimaginable ! Comment avais-je pu torcher une telle merde ? Et en plus, je n’avais rédigé qu’une poignée de pages en trois semaines. Rien à faire, aligner les cucuteries à la demande c’était pas mon truc. — Alors quoi ? Tu laisses tomber ? Et pour l’avance, tu gères comment ? Une demande de crédit à la banque ? Exclu, notre compte commun baignait depuis trop longtemps dans le rouge. Faire le nègre pour des boîtes d’éditions minables ne m’avait jamais rapporté bézef. Sophie ? Si au moins elle avait envisagé de reprendre un boulot… Mais non, cette feignasse préférait se la couler douce. Trop fatigant, pointer à Pôle-emploi ! Non, là j’étais de mauvaise foi. En fait, elle avait démissionné à ma demande. J’avais insisté pour qu’elle se consacre à la correction de mes manuscrits à plein temps. Mais vu ma production de ces derniers mois, la pauvre n’avait pas grand-chose à faire… En conclusion : impossible de rembourser Offengluck. Plus le choix, fallait finir cette saloperie ...
... de scénario pour jeudi. Et puis qu’est-ce que ça pouvait faire, que le travail soit bâclé ? Après tout, ils n’avaient pas payé pour un chef d’œuvre. Je cheminai vers la cuisine où j’avalai un grand verre d’eau avec un cacheton. En premier lieux, arrêter ces élancements dans mon crâne avant de m’y remettre… Bien qu’il fût encore tôt, le salon était plongé dans le noir. J’appelai. Pas de réponse. Personne dans la chambre. Visiblement, Sophie était de sortie ce soir. Étrange qu’elle ne m’en ait pas parlé… Haussant les épaules, je me composai un plateau-repas digne de ce nom avant de me diriger vers mon bureau. L’absence de madame m’arrangeait. J’allais pouvoir consacrer ma nuit à écrire sans avoir à fournir d’explications. Pour une fois… Je poussai un long soupir en m’installant devant l’ordi. Tout ce que j’avais pondu était bon à jeter. En fait je ne la sentais pas, cette histoire : des personnages insipides, stéréotypés, une intrigue aussi foireuse que ridicule. J’étais parti sur une mauvaise piste et logiquement je m’embourbais. Sans réfléchir, je cliquai sur « Fichier – Nouveau document ». Tout reprendre à zéro ? Une pure folie, en si peu de temps ! — Tu voulais un challenge ? Le voilà ! Lâchant la bride à mon inconscient, je laissai alors mes doigts courir sur le clavier. Et là, pour la toute première fois de ma carrière, les mots s’alignèrent sans effort, au rythme du cliquetis effréné des touches… Pas la moindre hésitation, à chaque fois l’expression juste, la réplique ...