Colis piégés
Datte: 22/07/2020,
Catégories:
ff,
fplusag,
Oral
Lesbienne
La sonnette retentit. Quelques secondes d’attente, pendant que l’on vient ouvrir. — Bonjour madame. Un colis pour vous. Regard étonné et interrogateur. — Tiens, on a changé de facteur ?— Oh, je suis là depuis trois semaines déjà. Je suis déjà passée, j’ai rencontré votre coloc’ il y a huit jours.— Compagne, corrige-t-elle.— Pardon ?— Pas coloc’ comme vous dîtes, compagne. Bientôt mariées même.— Eh bien, félicitations. Votre… fiancée m’avait caché ça.— Tu es là pour l’été, j’imagine ? Question humiliante et qui touche juste. — Non, je suis embauchée. Je ne suis plus étudiante vous savez, j’ai 26 ans, précise-t-elle, vexée. Bon, je n’ai pas le temps de m’arrêter, cette fois. Passez le bonjour à Lucie ! Au revoir. Sourire malicieux et sournois de la petite factrice qui disparaît en sautillant dans les escaliers. Jalousie et doute dans l’esprit de la future mariée qui referme la porte brusquement. Trois semaines plus tard, nouvelle rencontre. — Bonjour, c’est encore moi, dit la factrice, enjouée.— Bonjour, répond froidement la femme. Tu vas souvent venir ?— Je fais mon métier. Et puis c’est vous qui passez des commandes, je n’y peux rien.— Comment tu connais le prénom de ma compagne ? Elle m’a juré qu’elle ne te l’avait pas dit.— Vos deux prénoms apparaissent sur les enveloppes que je distribue tous les jours. Je t’ai fait marcher ! Sensation de honte, prise en flagrant délit de jalousie. Mais pourquoi ? Cette jeune et jolie factrice ? Toute en sourire et pleine d’énergie, ...
... sympathique et naïve. — Je te tutoie, ça te dérange pas ? Comme ça, t’auras l’impression d’avoir le même âge que moi !— J’ai que dix ans de plus… Ton bougon, nouveau renfrognement. La factrice est déjà partie. Elle referme la porte, s’étonne de son agacement. Puis Lucie surgit, mine des mauvais jours, nouvelle engueulade en perspective. Samedi. C’est toujours samedi quand elles se voient. La petite factrice arrive devant la porte, un colis sur les bras. Elle sonne. Le temps d’attente avant que la porte ne s’ouvre s’est considérablement raccourci depuis leur première entrevue. Comme si… La femme prend son paquet, fait la bise à sa factrice. Oui, maintenant elles se font la bise. Trois, ici on en fait trois. Puis, elles discutent sur le palier. Des fois, dix secondes, puis elle s’en va, vite, vite, pas le temps. D’autres fois, un quart d’heure, quand rien ne presse. La jeune postière rit à gorge déployée ou sourit juste avec les yeux. Elle parle beaucoup, de tout de rien, raconte son travail, ses tournées, dit du mal des gens de l’immeuble. Sans méchanceté. Un jour, elle dit qu’elle s’appelle Juliette, comme ça elles sont à égalité, vu qu’elle voit son prénom tous les jours, Zoé. Juliette aime bien ce prénom. Elle lui pose des questions sur les préparatifs du mariage, c’est pour bientôt ? — Trois mois. Mais le visage se ferme. Juliette n’insiste pas. Elle repart sur un autre sujet. Zoé décroche, n’écoute plus. Elle observe. Que c’est moche ces uniformes de la poste. Ces vestes ...