Mon premier poste - Histoires de Sexe

Mon premier poste

CHRISTIAN ou CHRIS tout simplement ? 7 h 00 : cela fait déjà deux heures que je tourne en rond dans mon studio, les yeux rivés à la pendule qui me semble arrêtée. Heureusement que les infos distillées par la radio me rappellent régulièrement l’heure, sinon j’aurais l’impression que l’horloge ne fonctionne pas. Enfin je l’ai, cet entretien d’embauche, six mois d’attente, six mois d’enfer…quelle galère, après avoir fait tant d’études. Diplômé ESC, je croyais pourtant que toutes les portes s’ouvriraient devant moi. Je ne compte plus les entretiens qui ont suivi la fin de ma scolarité. Mon CV intéressait pourtant les entreprises, j’étais sorti 2ème de l’école. Quelle gymnastique j’ai due faire pour assister à tous ces entretiens qui se soldaient par « on vous écrira ». Les réponses qui arrivaient semblaient sortir d’un « copier-coller » « Nous avons le regret………… » Je finissais par penser que mon physique était la cause de ces refus. Etait-ce pour mieux nourrir mon cerveau, que mon corps se refusa à une puberté qui m’aurait affirmé dans mon rôle d’homme ? Il n’en reste pas moins évident qu’il n’a pas voulu opter pour l’un ou l’autre sexe. Mes épaules ne se sont pas élargies et mes muscles sont restés fins. Cela me donnait l’allure d’un androgyne, d’autant que mon sexe masculin se refusa aux transformations subies par mes congénères, il n’augmenta pas de taille de façon significative. J’avais ce que les spécialistes (que je n’avais pas consultés) appellent un micro pénis. Il ...

... m’arrivait parfois de me regarder nu devant une glace après l’avoir caché entre mes jambes. J’avais l’allure d’une femme, d’autant que ma poitrine accusait une légère proéminence. (En son heure, le pédiatre avait dit que cela passerait avec la puberté…) J’avais aujourd’hui 23 ans et la journée qui s’annonçait allait peut-être changer ma vie. Le costume-cravate ne m’avait guère aidé dans mes précédents entretiens, intuition ou folie, aujourd’hui je ne porterai qu’un pantalon de toile noir et un tee-shirt blanc. Je repassai pour la énième fois devant la glace, ces vêtements ajustés ne cachaient rien de mes formes graciles. L’idée qu’il était plus facile pour une femme bien foutue de trouver un emploi me traversa l’esprit et je ne pus m’empêcher de porter mes mains sur ma poitrine qui pointait sous le fin tissu du tee-shirt. Un dernier regard au costume…j’optai pour la veste en lin. Le sort en était jeté. Je refermai la porte. Il est déjà 11 heures, je ne sais combien de postulants sont déjà passés. Il y en a deux assis en face de moi. Je dénote dans ce couloir, car ils sont habillés du fameux costard-cravate. Je commence à regretter de ne m’être pas plié à la règle. Une porte s’ouvre, un "costard-cravate" en sort, suivi par un autre identiquement vêtu que je devine être le recruteur. Une chaleureuse poignée de main, qui ne me laisse augurer rien de bon. L’homme s’avance et prie l’un des deux candidats de le suivre. En passant devant moi, je sens son regard un instant appuyé sur moi, ...