Raoul - Histoires de Sexe

Raoul

... regarda tristement : — Non, pas un mot ! fit-il, déçu. Écoute, Gufti, je t’assure que j’ai vu ce soir des trucs bizarres…— Tiens, assieds-toi, lui dis-je gentiment, comme s’il était largement convalescent. Je vais te servir un whisky, d’accord ? Éloïse et Juliette s’écartèrent spontanément, lui laissant la place de roi entre leurs deux corps nus. Il s’assit lourdement et, tandis que je le servais, continua : — Tu te souviens, je t’ai appelé, tout à l’heure ? Eh ben, c’est là que tout a commencé… Il but une grande gorgée en regardant attentivement les cuisses écartées de Juliette, puis reprit : — Déjà, ta réaction au téléphone m’a paru étrange ; je suis pourtant sûr de t’avoir vu, tout à l’heure en ville, avec tes deux bombes. Mais bon, je me suis juste dit que tu ne voulais pas m’en parler, ou bien que t’avais honte d’avoir fait ça en public, ou je…— Mais j’ai rien fait en public, bon sang !— Laisse-moi parler. Presque immédiatement après ça, j’ai entendu des coups de feu et des cris, juste à côté de chez moi, dans mon quartier tranquille de petits vieux où il se passe jamais rien. J’ai maté discrètement depuis ma fenêtre, et comme il semblait plus rien y avoir, je suis sorti et j’ai fait le tour du pâté de maisons en bagnole, et alors tu devineras jamais ce que j’ai vu ?— Le FBI ?— Te fous pas de moi ! L’espace d’une fraction de seconde, je t’ai vu, toi, en face de moi !— Raoul, tu as de la fièvre ?— T’étais debout, à poil, en face de moi, la queue bien droite…— Arrête ça ...

... tout de suite ! fis-je avec un sourire en lui retirant des mains son whisky. Mais Raoul ne rigolait pas du tout : — Et le temps que je réalise que c’était toi… Il s’interrompit un court instant avant de reprendre, le regard braqué sur le sol : — Eh ben, tu n’étais plus là ! Et à l’endroit où tu te trouvais, il y avait un petit vieux qui marchait péniblement… Il releva les yeux vers moi et semblait désormais attendre ma réaction. — Bon, je vais commencer par appeler le 15… lui dis-je, en souriant de moins en moins. Tu as des hallucinations, Raoul… J’ai pas bougé d’ici et puis de toute façon, je sors pas à poil… Tu travailles beaucoup en ce moment ?— Je savais bien que tu me croirais pas, mais je m’en fous ! Et puis attends, c’est pas fini : je suis finalement retourné chez moi et… Il s’arrêta et regarda intensément Éloïse qui s’était mise à se masturber discrètement. — Mais, putain, Gufti ! Et ça, tu trouves ça normal ?!? Éloïse, qui devina qu’il s’agissait d’elle, cessa tout de suite son activité en murmurant une vague excuse. — Euh, écoute Raoul, ces deux nanas sont hallucinantes, je te l’accorde. Mais c’est tout, ça va pas plus loin. Calme-toi et finis ton histoire.— Mouais… En tremblotant, il sortit de sa poche un paquet de cigarettes. — Je peux fumer, chez toi ?— Si ça peut te soulager…— Tu en veux une ?— Non, merci, tout à l’heure, peut-être. Il alluma sa cigarette et tira une grande bouffée puis reprit en soufflant sa fumée : — Je suis rentré chez moi et le temps que ...