1. Natasha & Franck (33)


    Datte: 30/08/2020, Catégories: Transexuels

    Le programme du jour était simple : traverser des paysages grandioses et deux fjords pour arriver chez les Trolls. La journée tint ses promesses. Entre les montagnes abruptes, les lacs limpides, les torrents furieux et les rivières qui serpentaient comme si elles n’avaient aucune idée de la direction dans laquelle s’écouler, nous ne savions plus où donner de la tête. Malgré l’urgence qui nous poussait vers le Nord, nous avions la même propension que les cours d’eau à nous arrêter à chaque rocher qui se trouvait sur notre route. Ce ne serait pas notre façon de conduire qui attirerait l’attention d’un quelconque policier. Après avoir longé un fjord au nom imprononçable, la route s’élançait à nouveau à l’assaut de sommets couronnés de neige et toujours de manière aussi abrupte. Une route en lacets nous ouvrait la perspective sur la vallée encaissée entre deux longues parois. J’aurais aimé ne pas être pressé par le temps et effectuer tout ce trajet à pied, tant la beauté des sites m’incitait à la contemplation : un véritable paradis pour photographe. Le ciel se couvrait peu à peu. Les nuages s’accrochaient sur les sommets puis formaient un imperméable couvercle. Les vallées qui jusque là baignaient dans une lumière radieuse semblaient écrasées par le poids des montagnes. Pas étonnant que les Vikings qui habitaient ces vallées aient eu envie de voir du pays ! Pendant que Marie conduisait, je restais à l’arrière avec Kukka qui avait une flopée de questions à poser à Natasha ...
    ... concernant sa métamorphose. ─ Non, je ne me rappelle rien. Je ne sais pas comment ça s’est déclenché. Tout ce dont je me souviens, c’est une atroce douleur lorsque je me transformais. Pour le reste : rien, nada ! Mais j’imagine que la peur a été le déclencheur. ─ Le médecin ne t’a rien expliqué sur les raisons de ton enlèvement ? ─ Il m’a raconté des trucs, mais je n’ai jamais été douée en science dans ma propre langue ; alors je n’ai pas compris grand-chose à son charabia, malgré mon niveau d’anglais. Geiranger était plombé par une chape nuageuse, ce qui n’empêchait pas pour autant les touristes de s’activer comme des fourmis dans les rues de la ville. Courant d’une échoppe à une autre pour faire le plein de souvenirs « gogotiques », ils semblaient être apparus comme par enchantement au milieu de nulle part. Le fjord profond et majestueux impressionnait par sa démesure. Des paquebots immenses déversant leurs flots d’insectes devenaient, le temps de rester à quai, des gratte-ciel dans ce village où le deuxième étage était tout ce que les maisons parvenaient à atteindre. Seul l’hôtel, à flanc de montagne, rivalisait avec ces bateaux pantagruéliques. Slalomant entre les inconscients, nous tentions de quitter ce temple desmarchants, concentrés en cet unique lieu. La route en lacets, que ce soit pour y accéder ou pour en sortir, abondait de véhicules ayant vocation à transporter les masses de faux globe-trotters avides de sites touristiques qu’ils alignaient comme des trophées de ...
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