Homo Quadragenus
Datte: 01/09/2020,
Catégories:
couple,
Collègues / Travail
amour,
nonéro,
amourdura,
... Elle était toujours la femme qui m’avait séduite. Je la trouvais toujours désirable, même avec quelques bourrelets disgracieux. Quand j’évoquais le sujet, gentiment, pour l’encourager et la soutenir, elle se renfrognait. En fait, elle culpabilisait de ne pas maigrir, et encore plus de ne pas s’en donner les moyens. Petit à petit le sujet de son poids est devenu tabou. Et dans son esprit l’image d’être une femme non attirante s’est installée. Elle ne se trouve pas belle, donc elle ne peut pas plaire. Logique toute féminine à mon sens. Et sa libido est devenue une asymptote qui tend vers zéro, comme on disait en cours de maths. Nos rapports se sont espacés progressivement. L’échelle de temps s’est modifiée, on a remplacé les semaines par les mois. Au début ça m’a pesé. Le sexe me manquait. J’étais insistant, je lui demandais régulièrement. J’essayai de la caresser, de l’embrasser, de la masser pour faire monter son désir. Mais la plupart du temps j’essuyais un flop. Alors petit à petit je l’ai moins sollicitée. Je me suis tourné vers les films de cul ou les livres érotiques pour me procurer le frisson sexuel qui me manquait. Durant cette période j’ai accumulé un peu de ressentiment envers elle. Son image ne me faisait plus bander. Je bandais toujours, mais pas en pensant à elle. J’ai développé des fantasmes où elle n’était pas. Mais après tout, les fantasmes sont faits pour ça. Ce sont des fantasmes, ils n’ont pas à être en lien avec la réalité. Cette période-là a duré ...
... plusieurs années. Et puis, tout doucement, sans que j’en prenne vraiment conscience, ma libido s’est mise elle aussi à diminuer. Mes fantasmes m’ont abandonné, les textes érotiques ne m’ont plus provoqué d’émoi et les films pornos m’ont carrément dégoûté. Je me suis lentement installé dans une vie sans sexe et sans désir. Ce n’est pas que je ne bandais plus, c’est que plus rien ne me faisait bander. C’est de ça que j’ai brutalement pris conscience à mes quarante piges. Le désir avait disparu de ma vie et je ne m’en étais pas rendu compte ! Triste réalité… Bon, il faut aussi que je vous parle de mon boulot. Parce que lui aussi, le bougre, il a sa part de responsabilité ! Et puis la suite de l’histoire passe par lui. Alors, voilà, je suis directeur financier et des ressources humaines dans une petite PME. Enfin, pas si petite que ça puisqu’elle emploie deux cents personnes. C’est un métier qui jusqu’à une époque récente me passionnait. Grosso modo jusqu’à ce que l’on soit racheté par un grand groupe international. Alors, d’artisan quotidien de la pérennité de l’entreprise je suis devenu exécuteur des basses œuvres pour des actionnaires toujours plus avides de dividendes. Ma fonction financière est devenue celle d’un coupeur de coûts et ma fonction ressources humaines celle d’un coupeur de têtes. De l’humain, ces gens-là ne voient que le coût. Un ouvrier, c’est trente mille euros par an. Et l’argent qu’on paye aux salariés, on ne le paye pas aux actionnaires. Peu importe que cet ouvrier ...