1. Homo Quadragenus


    Datte: 01/09/2020, Catégories: couple, Collègues / Travail amour, nonéro, amourdura,

    ... ait mis dix ans à acquérir le savoir-faire qui fait que l’entreprise aujourd’hui est aussi rentable. Le profit à court terme a remplacé la stratégie à long terme. Ce changement de nature de ma fonction me pèse. J’étais fier de mon travail, aujourd’hui j’en ai honte. J’étais un fervent défenseur du capitalisme, aujourd’hui je me surprends à penser comme un syndicaliste. Je ne m’éclate plus dans mon boulot, j’y vais à reculons le matin. Mais j’en ai besoin pour nourrir ma famille et payer ma maison. Pris au piège. Contraint à faire tous les jours quelque chose que je n’aime pas. Je ne pensais pas en arriver là un jour. Là aussi, triste réalité… Voilà le bilan que j’ai tiré de ma vie le jour de mes quarante ans. Pas très reluisant, avouez ! Et c’est pour ça qu’à cette époque je n’étais pas heureux. Plus de plaisir, et pire, plus de désir. De la résignation, c’est tout. C’est dans ce contexte de moral dans les chaussettes qu’est arrivée l’affaire Alexandra. Bon,affaire, c’est un bien grand mot, mais vous allez comprendre. Alexandra, c’est cette fille du service commercial que j’ai dû virer pour quelques milliers d’euros de bénéfice en plus. Alexandra, c’est le genre de fille sur lequel les hommes se retournent. Bien foutue, joli minois et un cul à damner un saint. Un cul sur lequel on a envie de poser les mains, la bouche et le reste. Je l’ai donc reçue pour son entretien préalable. Elle est venue seule, alors que la loi l’autorise à se faire assister par une tierce personne. En ...
    ... général, c’est bon signe. Bon, des entretiens de licenciement, vous avez compris que j’en ai déjà mené un certain nombre. Un nombre certain, même. Par expérience, on peut diviser les réactions des convoqués en deux catégories : ceux qui essayent de sauver leur emploi et ceux qui ont compris que la décision était irrévocable et qui négocient le montant du chèque. Il va de soi que je préfère la deuxième catégorie, c’est de loin celle qui met le moins mal à l’aise. Et le premier signe pour détecter dans quelle catégorie se range le salarié, c’est la présence d’un tiers. S’il se fait assister, c’est qu’il veut contester. S’il vient seul, c’est qu’il veut négocier. J’ai donc rangé Alexandra d’emblée dans la catégorie numéro deux. Bien mal m’en a pris ! Je commence l’entretien par l’exposé des motifs qui conduisent à envisager la mesure de licenciement. Du classique bien rodé, la crise, la réduction des marges qui nous oblige à réduire les effectifs pour préserver la compétitivité, on sacrifie un emploi pour sauver tous les autres… Les foutaises habituelles. Elle m’écoute sans rien dire, pas une réaction, pas une émotion. Là, je me dis : « Elle s’est bien préparée, elle a de bons arguments, elle va me demander un gros chèque ». Je lui passe alors la parole pour qu’elle puisse exposer ses arguments. Et là, tranquillement, elle me regarde dans les yeux et me dit : — Je vous ai vu souvent regarder mon cul. Il est à vous si vous me gardez. Là, je dois dire que je suis resté bouche bée ...
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