Le slow
Datte: 17/09/2020,
Catégories:
fh,
jeunes,
fête,
école,
amour,
Oral
pénétratio,
mélo,
nostalgie,
humour,
amourdram,
prememois,
... tombe béante, à regarder le cercueil recouvert de fleurs, pendant que les gens s’éloignaient et défilaient devant la famille, un peu plus loin. Je ne pouvais m’arracher à cet endroit. J’aurais voulu me jeter dans le trou, sentir tomber sur moi les pelletées de terre et qu’on m’oublie définitivement. Les larmes ruisselaient sur mes joues, en flot continu, et un brouillard rouge flottait devant mes yeux. Je n’étais plus rien qu’une plaie vive, une douleur immense, une maladie incurable. C’est à peine si j’ai entendu les pas crisser derrière moi sur les graviers, mais j’ai senti une main ferme se poser sur mon épaule. C’était le père de Mélanie. C’est la seule personne, ce jour-là, à m’avoir gratifié d’autre chose que d’un regard chargé de haine et de mépris. Il souffrait atrocement, mais il n’a rien dit. Les grandes douleurs sont muettes. Il a serré les doigts sur mon épaule, puis s’est éloigné sans un mot, engoncé dans son pardessus et dans sa peine, les yeux rougis par les larmes qu’il n’avait pu retenir lui non plus. —ooOoo— Le pâle soleil hivernal jette ses derniers feux sur les rouleaux gris de la mer du Nord. Les vagues s’écrasent en grondant sur les brise-lames et sur les poutres de l’estacade, entrelacs sombre et dégoulinant orné d’algues, de mousses et de coquillages. Accoudé au garde-fou, le regard perdu ailleurs vers l’horizon, c’est à peine si je vois voleter devant mon visage les mèches de mes longs cheveux blond cendré. Ils sont comme moi, démodés, fatigués, mais ...
... je les aime ainsi, avec leur blondeur que les années ensevelissent peu à peu sous la cendre. L’écume se soulève, jaillit, et un visage m’apparaît dans un brouillard de gouttelettes scintillantes, perles d’un songe au milieu des embruns. Mélanie porte ses petites lunettes, celles qu’elle aurait eues sur le nez ce jour-là si seulement j’avais insisté un tout petit peu… Pourquoi n’ai-je pas insisté ? Elle les enlève et me sourit. Elle m’attend. Un jour, j’irai la rejoindre, mais je ne puis décider seul du moment où je partirai. Ce serait trop simple, trop lâche. Je dois vivre mes hivers, le nez au vent et les yeux dans les vagues écumantes. Je sais que Mélanie m’a déjà pardonné, mais moi, je ne peux pas. Je ne me le pardonnerai jamais. — C’est joli, n’est-ce pas ? La voix m’a surpris, m’arrachant d’un seul coup à ma rêverie. Je tourne la tête. Une jeune femme est debout près de moi, contre la rambarde, sur fond de mer. J’acquiesce. La femme sourit à son compagnon qui vient près d’elle lui entourer les épaules de son bras. — Nous aimons la mer en hiver, dit-elle.— Vous êtes Français ? dis-je en reconnaissant leur accent.— Oui, nous aimons voyager. Mais il faudra bientôt nous arrêter… Avec un petit rire, elle pose la main sur le ventre rebondi qui tend son épais manteau. Elle est plutôt menue, pas spécialement belle, mais pleine de charme. Lui est grand, incontestablement plus âgé qu’elle, l’air sympathique. Je souris à la jeune femme. — C’est pour bientôt ?— Pour la mi-février, ...