1. Premières neiges


    Datte: 23/09/2020, Catégories: ff, intermast, Oral fdanus, historique,

    En cette fin de l’été 1400 sur l’île d’Hokkaïdo, au nord du Japon, Michiko, fille unique d’un couple de bouchers, découvrit devant elle un spectacle d’horreur. Rentrant d’une longue promenade solitaire dans les collines avoisinant son village, elle tomba à genoux à l’entrée de celui-ci et de grosses larmes se mirent à rouler sur ses joues. Komaruchi, son village, n’existait plus. La quasi totalité des maisons était en feu et, partout dans les rues, Michiko ne vit que des cadavres. Elle se remit péniblement debout et se mit à avancer vers sa maison située près du petit temple bouddhiste. Devant elle, les yeux toujours ouverts, son amie Mari avait été égorgée et son petit corps frêle lui barrait le chemin. Le vieux Onda, le sage du village, avait été crucifié sur une croix rapidement fabriquée. Yosuke et sa jeune épouse Miri étaient morts d’une flèche dans le dos. Et tous les autres… Michiko retomba à genoux et se mit à hurler le nom de ses parents dont elle découvrit les corps sans vie devant le seuil de leur maison en flammes. Les fumées piquaient au nez et aux yeux embués. Miki, le chien du charpentier, s’approcha de Michiko en pleurnichant et se mit à lécher les joues de l’adolescente. Sa patte avant droite était cassée et la bête se déplaçait tant bien que mal d’un cadavre à l’autre, comme pour tenter de réanimer les habitants qui l’appréciaient tant. Michiko était toujours à genoux et en pleurs lorsqu’une main se posa sur sa frêle épaule droite. La jeune fille se tourna ...
    ... brusquement et s’écarta quelque peu, terrorisée par cette subite présence humaine. Toujours assise sur le sol, elle découvrit devant elle un homme plutôt corpulent et au crâne rasé. Il portait une veste légère blanche et un pantalon bouffant noir. Il était pieds nus. Il n’était plus très jeune et son visage reflétait bonté et compassion. L’homme tendit une main à Michiko. — Viens, lui dit-il, il ne faut pas rester ici. La jeune fille eut un moment d’hésitation. Mais que faire d’autre ? Ce village ne lui apporterait plus rien et elle connaissait encore peu la région. La main de l’homme resta tendue longtemps. Puis Michiko se releva, sans aide. — Comment t’appelles-tu ? demanda-t-elle au vieux.— On me nomme Matsumoto depuis mon enfance. Moi aussi, j’ai connu de lourds drames. L’homme tourna les talons et, sans hésiter une seconde de plus, Michiko le suivit à distance. Ils s’enfoncèrent dans la forêt… Pendant deux ans, Michiko vécut dans la forêt avec le maître Matsumoto dont elle découvrit très vite l’agilité physique et le parfait maniement des armes. Ils ne virent strictement personne durant cette période et elle n’apprit quasiment rien de celui qui assura sa survie. Matsumoto expliqua à Michiko que le village de Komaruchi avait été détruit par le seigneur Shinoda, en guerre contre son rival Muronaba, dont Komaruchi dépendait. Muronaba devait décéder peu de temps après dans un traquenard préparé par les hommes de Shinoda et, depuis lors, ce dernier avait définitivement gagné ...
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