1. Premières neiges


    Datte: 23/09/2020, Catégories: ff, intermast, Oral fdanus, historique,

    ... la guerre contre son rival, et son territoire s’était ainsi étendu. Matsumoto avait longtemps formé Michiko au travail des armes, conférant à celle-ci un pouvoir quasi surnaturel qui effrayait la jeune fille elle-même. Un soir d’automne, au coin du feu, Matsumoto, généralement taiseux, parla. — Le moment est venu, Michiko.— … Le moment ? Quel moment ? Matsumoto releva la tête et ses yeux perçants fixèrent le joli visage de la jeune adolescente qui devenait tout doucement femme. — Le moment est venu, Michiko, de venger tes parents et les habitants de ton village. Un silence lourd plana, seulement troublé par le cri d’une chouette dans le lointain. — Demain, je t’emmènerai à Tadamaru, la petite ville où se trouve le palais-forteresse de Shinoda. Il te faudra attendre quelque temps avant d’accomplir ta vengeance car le seigneur Shinoda est en guerre plus au sud. Mais il rentrera pour l’hiver… et l’hiver est proche. Michiko fit un signe franc et affirmatif de la tête, sans mot dire. Elle sut que le moment était venu. Elle se leva, salua Matsumoto et partit se coucher dans sa hutte. Le maître resta seul près du feu et partit se coucher lorsque les dernières flammes furent éteintes. Tadamaru, petite ville sans âme et aux habitants aux regards tristes, fut atteint après deux jours de marche. Matsumoto avait revêtu des habits de mendiant et avait paré Michiko de vieilles loques. A la porte du palais de Shinoda, deux hommes en armes les arrêtèrent. — Que veux-tu, le vieux ? Matsumoto ...
    ... joua la comédie. — Je m’appelle Murayaba et j’ai trouvé cette jeune fille dans la forêt. Elle semble avoir perdu toute mémoire. Comme elle est très jolie, j’ai pensé que le seigneur Shinoda pourrait lui trouver une occupation au palais. Michiko ne disait rien et gardait les yeux baissés. Un gardien s’approcha d’elle. — Le seigneur Shinoda, dit-il,… ou dame Shunda, son épouse. Son collègue fit un signe affirmatif. — Dame Shunda aime bien de jeunes servantes, en effet… Cette petite pourrait, je pense, la satisfaire. L’un des gardes se rendit dans le bâtiment principal du palais et revint peu de temps après. — Dame Shunda veut te voir, petite. Il regarda Matsumoto. — Et toi, le vieux, que désires-tu ?— Rien. Rien, voyons. C’était pour… Les gardes fixèrent le vieux et se moquèrent quelque peu de lui. — Dégage ! Michiko fut saisie aux bras et emmenées vers le palais par les deux hommes en armes. Elle se tourna vers Matsumoto. L’image de son vieux maître, regard figé et yeux perçants, disparut lorsque les deux lourdes portes fermant l’entrée du palais se refermèrent. Dame Shunda, l’épouse du seigneur Shinoda, devait avoir trente ans. Grande et mince, elle était d’une beauté éblouissante. Mais son arrogance transparaissait à chaque instant. Autour d’elle voltigeait sans arrêt toute une série de courtisanes et de servantes stressées. Au milieu de la pièce principale du gynécée, Michiko était debout, tête baissée en signe de soumission. — Déshabillez-la ! ordonna dame Shunda. Michiko ...
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