Première guitare - Histoires de Sexe

Première guitare

... depuis le début, trop c’est trop. D’un autre côté, reculer maintenant n’a aucun sens, autant tenter ma chance. Je me lève, caresse furtivement les rondeurs de mon ukulele pour me rassurer, et me lance. Le premier couplet passe à peu près correctement. Je retrouve même un début de confiance en voyant la fille bouger en rythme sur sa chaise. Jusqu’au refrain, où je me montre incapable de faire preuve d’un minimum de sentiment, ni surtout de crédibilité. Elle ne me laisse pas finir. Prenant enfin l’initiative, elle se lève, attache ses longs cheveux bruns en un chignon improbable, puis s’empare de sa guitare. Après une série d’accords pour se mettre en doigts, elle entonne la première strophe. C’est sobre, juste, la voix parfaitement posée, le corps en harmonie avec les paroles. Tout en elle attire le regard. Non seulement parce qu’elle est belle, mais surtout parce qu’elle a vécu ce qu’elle chante. Comme elle vit intensément tout ce qu’elle fait. L’exact contraire de moi. — À toi, maintenant ! Je crois que j’ai deux ou trois trucs à t’apprendre. À commencer par la manière de te tenir. T’es mignon, mais si tu veux que les passants t’écoutent, il faut que tu apprennes à capter leur attention. Et ce n’est pas la musique qui le fera, c’est tout ton corps. Tu aimes danser ?— Pas trop ! En fait, je ne suis vraiment à l’aise qu’au piano. Je crois que je suis plus fait pour jouer de la musique que pour danser. Dès que j’ai repris mon ukulele en mains, elle vient se placer derrière ...

... moi, les seins légèrement pressés contre mon dos, ses bras autour de ma taille. — En public, inutile de vouloir chanter si tu ne sais pas bouger. Personne ne s’arrêtera. Allez, vas-y,J’ai voyagé de Brest jusqu’à… Elle pose une main sur ma poitrine, l’autre à hauteur de mon nombril et me serre contre elle, son oreille posée contre ma nuque, pour mieux percevoir mes vibrations comme elle dit. La chaleur qui se dégage de ses mains provoque une étrange réaction dans tout mon corps. Elle s’en rend immédiatement compte et appuie un peu plus fort sur mon ventre, en murmurant que le son doit partir de là, du centre de moi. — Allez, recommence ! Imagine que je passe sur le trottoir d’en face et que tu veux me séduire. Dis-toi que tu n’as qu’une chance de m’accrocher, une seule, et que c’est cette chanson-là.— Question séduction, j’ai nettement mieux à te proposer, si c’est vraiment ce que tu veux, tenté-je par bravade, sans toutefois oser me retourner.— Chaque chose en son temps, précise-t-elle, tout en approchant furtivement sa main de mon bas-ventre.— Tu es vraiment impitoyable. Avec toi, je me sens complètement désarmé.— Qui parle d’armes ? C’est bien un truc de mec, ça ! J’ai juste envie d’être séduite, charmée, ensorcelée. Offre-moi ta fragilité et je me soumettrai à tes désirs. Ravis-moi, captive-moi, attache-moi par ta douceur, et je perdrai toute envie de me libérer. Après avoir définitivement mis le feu dans mon ventre, elle relâche son étreinte et vient se placer face à moi au ...