1. Première guitare


    Datte: 26/09/2020, Catégories: fh, jeunes, inconnu, vacances, campagne, caférestau, autostop, amour, revede, Voyeur / Exhib / Nudisme préservati, init, roadmovie, coupfoudr, occasion,

    ... seulement maintenant ces mots de tristesse, de renoncement, de doute, alors qu’elle me sait depuis le début incapable de lui apporter du réconfort ? Je ne suis pas de taille à rester à ses côtés. Pas encore. J’ai croisé son chemin trop tôt. Lorsque je serai prêt, elle aura traversé d’autres océans. Entre elle et moi, il n’y aura jamais de nous. C’est peut-être ce qui est le plus douloureux pour moi, alors que nous sommes encore tendrement enlacés. En me retournant pour dévorer ses lèvres, je lui offre mes larmes. Ébloui, éperdu de tendresse, déjà ravagé par la solitude dans laquelle cet amour sans avenir va me plonger, c’est sans doute ce que j’ai de plus précieux à donner à l’instant. À la fois cataclysme et fleur du renouveau, elle recueille une à une les perles de mon chagrin, du bout de la langue, serrant mon visage entre ses mains. — Quoi que tu choisisses de faire de ta vie, jure-moi de préserver cette pureté que tu as en toi.— Si tu savais comme j’aimerais…— Chut ! Tout est dit, maintenant. Le jour va se lever, tu dois reprendre la route.— Et toi, tu ne veux vraiment plus voyager ?— Ma maison est ici. Je vais aider ma mère au restaurant jusqu’à ce que je retourne en fac. Ça me remettra les idées et le cœur en place. Sa mère ? Je commence à mieux comprendre comment cette nuit a été possible. Jocelyne se lève en même temps que moi, se laisse contempler quelques instants puis me précède dans la salle du restaurant. Elle s’empare de mon ukulele et le serre contre sa ...
    ... poitrine nue pendant que je m’habille. Derniers baisers, dernières caresses, mes doigts glissés entre ses cuisses pour enduire ma peau de ses odeurs de femme. Juste avant de m’ouvrir la porte, elle me tend sa guitare. — Tu veux bien qu’on échange ? Je pourrai encore rêver de tes mains en caressant ton instrument ! Je prends la route sans me retourner, marchant comme un automate. Inconsciemment, je refais en sens inverse le trajet qui m’a amené vers elle. Le film de notre nuit passe en boucle dans ma tête. L’intensité de ce que je revis embrouille mon esprit, me fait tituber, le corps et le cœur désarticulés. Il me faut des heures avant retrouver la force de décider que faire de ma journée. La dernière strophe de la chanson de Graeme Allwright me revient en mémoire.Je les vois tous les deux comme si c’était hier, au coucher du soleil, Maman mettant le couvert, et mon vieux papa, avec sa cuillère, remplissant son assiette de pommes de terre… bien cuites. Et les dimanches, Maman coupant une tranche de tarte aux pommes. Après ce que je viens de vivre, mon périple n’a plus vraiment de sens. À quoi bon traîner mes baskets dans tous les coins de l’hexagone ? Je ne ferais que transporter mes doutes et ma peine de villes en villages. Foudroyé au moment de mon envol, je dois apprendre à construire ma vie sur les décombres de mes rêves adolescents. Sans trop y croire, je lève le pouce sur le bord de la route. La première auto s’arrête et me ramène à mon point de départ. Mes parents sont ...