Natasha & Franck (9)
Datte: 15/11/2020,
Catégories:
Transexuels
Après Clermont-Ferrand, nous filions vers la Bretagne. D’abord Nantes, puis Rennes. Le trajet séparant les deux villes étant court, nous avions le temps de musarder et jouer aux touristes. Nous avions décidé de continuer jusqu’à Fougères, afin de flâner dans la vieille ville. Et éventuellement déguster une crêpe. Ou deux. Enfant, j’avais eu maintes fois l’occasion de venir en Bretagne lors de vacances avec mes parents. J’en avais gardé de nombreux et bons souvenirs, parfois très diffus. Des miettes éparses comme des touches de pinceaux qui formaient un tableau partiel, émouvant et mouvant. Depuis, chaque passage en cette région était une tentative de retrouver un fragment de cette mémoire que j’espérais ajouter à cette toile. De Saint-Malo à Concarneau en passant par Combourg et son château, Plougrescant avec son clocher incliné, sa maison entre les rochers, Pleumeur-Bodou et son radôme, Camaret et son curé, Huelgoat et sa forêt enchanteresse… Quand j’eus ma première voiture, je perpétuais la tradition familiale en continuant de parcourir les petites routes de cette région extraordinaire. Et quand il n’était pas possible de venir, j’en gardais le goût, déjeunant de grandes tartines de beurre salé, dégustant crêpes et galettes à m’en faire péter le ventre. Je regrettais que nous n’ayons pas plus de temps entre les concerts. J’aurais aimé partager ces souvenirs in situ avec Natasha. Mais rien ne nous empêchait de revenir pour une autre occasion. Plus tard, mon goût pour ces ...
... contrées sauvages où les embruns parcouraient les landes salées telles de fantomatiques âmes en peine, m’entraînait vers l’Irlande. J’avais persuadé les filles d’aller y faire quelques concerts. Ce serait pour le mois de décembre. Je ne les avais pas prévenues de ce qu’elles pourraient y découvrir. Je les laissais vierges de toute influence pour aborder ce pays. Après le concert de Rennes, nous allions à Brest. Encore une fois, l’étape était courte. Seulement deux heures et demi de route. Nous en profitions pour faire un petit détour et pique-niquer face à la mer. La route s’arrêtait sur un mélange de sable blanc et d’amas de rochers de granit ronds et polis par l’eau et le vent. Il faisait très beau et l’eau était turquoise. Nous étions loin du cliché de la Bretagne pluvieuse. La beauté du cadre nous donnait envoutait. Allongés sur une énorme plaque de granit qui affleurait le sable, nous tirions des plans sur la comète, envisagions, rêvions de nous installer ici tous ensemble, avec Karen, avec Sabine, dans une immense maison en bord de mer. ─ Peut-être quand nous aurons vendu des millions d’albums…. Parce qu’une telle maison, ça doit coûter un bras, voire les deux! plaisantait Alexandra. ─ Merci de nous casser nôtre rêve! Natasha s’éloignait un peu, enjambant des flaques que la marée avait oubliées en se retirant. Elle me faisait signe de la rejoindre. Elle semblait avoir trouvé quelque chose. Plusieurs blocs de granit plus gros que les autres nous masquaient de la côte. Une ...