Les casseroles
Datte: 20/10/2017,
Catégories:
fh,
fplusag,
vengeance,
Oral
fdanus,
humour,
policier,
aventure,
En redescendant les escaliers, j’entendis bien distinctement la voix de la concierge. Elle s’appelait Simone et elle continuait de raconter sa vie à Ghislaine, qui l’encourageait par de petits « oui », « non », « incroyable ! » et autres menues interventions de pure forme. Je tournai au coin de la dernière volée de marches en marbre et m’enfonçai dans le corridor. Le seau d’eau, la raclette et la serpillière se reposaient dans le hall d’entrée pendant que leur gestionnaire en faisait autant sur son manche de brosse en bavassant sur la jeunesse d’aujourd’hui et tout ce monde pourri. Ma tire attendait quelques mètres plus loin, au bord du trottoir. Je jetai ma veste sur la banquette arrière et le répertoire dans la boîte à gants, m’installai au volant et donnai quatre coups de klaxon groupés deux par deux. J’avais abondamment transpiré dans le bureau du premier étage, en fouinant dans les paperasses de Goulard, tant en raison du climat lourd et orageux que du stress engendré par la situation, mais la pêche avait été bonne. Je baissai la vitre et attendis Ghislaine en me demandant combien de temps lui serait nécessaire pour prendre congé de Simone et de son verbiage. Si l’heure avait été aux vacheries, je me serais tiré en la laissant se débrouiller pour rentrer ; mais l’ambiance étant à l’apaisement depuis au moins deux jours, je choisis de patienter. — Démarre ! lança-t-elle dix minutes plus tard en s’affalant sur son siège. Elle avait chaud, elle aussi, et paraissait un ...
... peu essoufflée. — Quel crampon ! grommela-t-elle. J’ai cru que jamais elle me lâcherait.— T’es haletante comme si t’avais monopolisé le crachoir pendant une heure, observai-je en décollant la bagnole du trottoir.— Tu sais quoi, Ludwig ? La prochaine fois qu’on vient, c’est moi qui fouine et je laisse Simone te tenir la jambe.— Ben tiens !— Tu prends toujours le beau rôle !— J’ai surtout pris les risques, tu veux dire.— Et ça en valait la peine ?— Oui et non. Quelques courriers et un répertoire. Regarde dans la boîte à gants. Pendant que je conduisais, Ghislaine parcourut les lettres et feuilleta le carnet. J’entendis un petit sifflement. — C’est du lourd !— Oui. J’espérais mieux encore, mais « Gros Tas » sera content. Celui que j’appelais comme ça n’était autre que notre employeur, Adam Borowitz, qui avait monté son bureau d’enquêtes privées. Dans le domaine, c’était un as, un vieux briscard. Avant de commencer à avoir des problèmes avec ses guibolles, c’était un homme de terrain ; mais en perdant sa mobilité, il avait modernisé ses méthodes. « De mon bureau, assurait-il, je sais tout, je vois tout. » Et c’était vrai qu’avec deux lignes téléphoniques, un télécopieur, une bonne connexion Internet et tout le fatras informatique dernier cri, le tout cumulé avec son expérience du métier, il faisait des merveilles. Tapi dans son antre comme une araignée au coin de sa toile, le cul sur son fauteuil à roulettes et les pattes sur son fourbi à télécommunications, il était à l’affût de ...