Marie-Ange
Datte: 20/12/2020,
Catégories:
fh,
plage,
amour,
volupté,
Oral
init,
... recherche des herbes et plantes qui lui serviront à fumer et agrémenter ses jambons, ses saucissons, son lonzo, ses figatellis, ses saucisses. En automne, elle chasse, ramasse les champignons, les châtaignes… Au printemps, elle agnelle les brebis et en été prépare ses fromages et accueille quelques touristes perdus. Et si, aux détours de la conversation, vous lui demandez si de temps en temps elle n’a pas peur pour sa sécurité, elle vous lance un œil noir, siffle entre ses dents une note modulé et suraiguë, qui fait rappliquer à ses côté un énorme chien berger qui vous jette un œil mauvais, la babine pendante, montrant de forts jolis crocs, salivant à la vue de votre postérieur replet de touriste bien nourri. Puis, d’un signe de la main, le renvoie à ses occupations et vous montre aussitôt, sorti de la poche arrière du pantalon, un de ces fameux stylet corse, longue lame à cran d’arrêt, fine et tranchante comme un rasoir et qu’elle semble manipuler avec une dextérité qui vous glace le dos. Sans eau courante, sans électricité, la bergerie, habitation de Marie-Ange, ne respire pas ce que nous, citadins, appelons communément le "confort". Pourtant, elle en est très fière et vous explique que pour tout l’or du monde elle n’irait vivre "à la ville", et que ce n’est pas parce qu’elle semble être totalement isolée qu’elle en est pour autant, coupée du monde. Elle est au courant de tout… à une opinion bien tranchée sur chaque sujet et peut vous réciter par cœur la liste de tous ...
... les conseillers régionaux élus à l’assemblée d’Ajaccio. Cependant, après un repas somptueux, pris à même la table de pierre à la lueur de la lampe tempête, quand elle sort son alcool maison, après avoir largement honoré la cruche de vin rouge, et que la conversation aborde des sujets plus personnels, la voix se fait plus douce, moins râpeuse, plus langoureuse. Sous l’accent qui évoque pourtant le soleil, pointe alors de la mélancolie et de la tristesse. Alors, accompagnée par le son des grillons, elle vous confie dans une mélopée chaude et harmonieuse l’histoire de son vrai chagrin d’Amour. Une évocation d’un passé, pas si lointain, qu’elle narre d’une voix étouffée, cassée par l’émotion qu’elle contient à grand’peine. Vous l’écoutez alors comme vous écoutez un de ces légendaires chants polyphoniques corses. Son histoire vous transporte dans l’univers de Colomba ou de Carmen. A cette époque, sa terre, son île, vivait des moments difficiles. Pas de travail pour les jeunes, un flot de touristes de plus en plus grandissant, une spéculation immobilière totalement anarchique et tous les jours, des attentats et des morts violentes. A cette époque, après avoir passé un baccalauréat scientifique à Bastia, elle avait dû rejoindre le continent pour aller y poursuivre des études d’ingénieur agronome, à Toulouse. Très vite, elle y avait rencontré un jeune et beau compatriote, aussi exalté en amour qu’en politique et doué pour les études et pour l’Amour. Ils avaient d’abord cohabité puis ...