Ilona - Histoires de Sexe

Ilona

... chaussures d’Ilona. Sur les murs, feutrés d’épaisses tapisseries, seuls des abat-jour cuivrés qui surplombaient un à un des peintures abstraites aux courbes enlacées diffusaient un semblant de lumière. Devant Ilona, Shaïna presque nue marchait d’un pas rapide. — Tu es une amie de Max, c’est ça ? demanda-t-elle sans se retourner.— Euh… en quelque sorte, répondit Ilona en essayant de ne pas se compromettre.— Ouais, Wellington n’a même pas eu à me le dire. Eh ben, on va voir comment tu t’en sors. T’as déjà fait ça ?— Euh… non. Je ne crois pas. C’est quoi, les « conditions » ? Shaïna s’arrêta, et jeta par-dessus son épaule un coup d’œil suspicieux vers Ilona. — Là où on va, c’est l’aquarium, d’après Wellington, expliqua-t-elle en se retournant. Mais nous, on appelle ça le bocal. C’est une salle ronde avec un grand miroir. Dans le bocal, on fait ce qu’on veut, mais vaut mieux être sexy. Les clients sont derrière le miroir, au bar, et ils matent. Il t’a pas expliqué ça, Max ?— Euh… si, mais…— Tu me prends pour une conne ? demanda soudain Shaïna, ses deux poings sur les hanches.— Moi ? Mais pas du tout.— Qui t’a dit de venir ici ?— Un ami…— Un ami qui s’appelle Max, je parie.— Euh… c’est pas ça ?— Tout faux. Alors, il s’appelle comment, ton ami ?— Icare, tenta Ilona.— Fous-toi de ma gueule, s’énerva Shaïna.— Mais non, c’est vrai. Je le connais que sous ce nom là. Il m’a dit de venir ici de la part de Max.— Il t’a dit de venir ici de la part de Max sans t’expliquer ce qu’on fait ...

... ? Un beau salaud d’enfoiré de fils de pute, ton pote.— Non, enfin… il m’a juste dit qu’ici, les amies de Max étaient les bienvenues.— Alors toi, on te dit que tu seras bienvenue et tu y vas ? s’étonna Shaïna. Tu sais ce que c’est, les amies de Max ?— Ben…— C’est le mot de passe pour les amatrices qui viennent faire un petit extra ici.— Oups !— Alors, toujours partante ? En fait, non. Ilona n’était plus partante du tout. Ilona était effondrée. Elle prit d’abord appui contre le mur, mais se laissa bientôt glisser sur le sol, à bout de forces. Les larmes lui vinrent aux yeux. — Il… m’a… envoyée… dans un… bordel… commença-t-elle à sangloter. Shaïna s’assit à côté d’elle. Ne jamais travailler avec des amatrices, elle se l’était pourtant juré. Elle passa son bras derrière l’épaule de la jeune femme atterrée, et la serra contre elle. — Mais non, la rassura-t-elle. C’est pas un bordel. Wellington est rapace, mais pas stupide au point d’aller en taule. C’est juste un spectacle. Dans le bocal, tu fais ce que tu veux. Tu te caresses ou tu tricotes. Si un client flashe sur toi, il te demande en salon privé. Là, y’a une vitre entre lui et toi. Il te voit, tu le vois, il peut te parler mais c’est tout. Il paye soixante euros pour le salon. Tout ce que tu lui fais cracher en plus, c’est pour toi. C’est ça, les conditions. Ilona tombait des nues. Ainsi, c’était ce qu’Icare voulait. Qu’elle se caresse devant des inconnus. Peut-être qu’il était au bar et attendait son arrivée. Il comptait ...