Une femme vertueuse
Datte: 20/03/2021,
Catégories:
h,
fh,
fplusag,
jeunes,
extracon,
profélève,
complexe,
jalousie,
Oral
préservati,
pénétratio,
init,
initiatiq,
extraconj,
prudes,
C’était il y a bien longtemps… Je m’ennuyais au lycée. Un vrai rat mort ! Je bâclais mes devoirs et n’apprenais jamais de leçons. Interrogé, je répétais ce que mes condisciples venaient de dire. Quand j’étais le premier à devoir répondre, j’avais une mauvaise note, c’était inévitable. J’ai redoublé ma troisième, puis ma seconde. On me traitait de cancre mais je parvins quand même en classe de première. Là, ça devenait du sérieux, estima mon père. J’avais d’ailleurs été à l’origine d’une dispute entre mes parents : — S’il avait moins perdu de temps avec ton amie Françoise, nous n’en serions pas là, avait affirmé mon paternel. Je n’avais pas du tout perdu mon temps avec Françoise Rouget ! Avant de la connaître, j’étais un dadais d’une timidité maladive, redoutant d’être rejeté par les jeunes filles ou les jeunes femmes, donc n’osant rien. — Pars du principe que nous en avons autant envie que vous, m’a-t-elle dit un jour. Et même plus, parfois. Ose ! Fonce ! Il n’y a pas de femme imprenable, il n’y a que des femmes mal attaquées. Je ne sais plus quel auteur a dit cela mais il avait mille fois raison. C’est elle qui m’avaitattaqué, d’ailleurs. Mais elle aimait trop la chair fraîche, si bien que je n’étais pas le seul, ce qui m’attrista car j’étais amoureux, ou du moins je le croyais. Je ne la voyais donc plus lorsque mon père continua sa diatribe : — Il faut absolument qu’il ait son baccalauréat ! Le mettre en pension dans une boîte à bachot ? Il est têtu comme une bourrique, il ...
... ne fera rien ! Ce qu’il lui faut, c’est quelqu’un qui sache le motiver, lui donner l’envie de travailler. C’est pour son bien, quand même !— C’est pour ton bien, confirma ma mère. À la sortie du lycée, tous les jours tu iras chez Madame Champion. On m’a parlé d’elle. Elle a été professeur.— Elle, au moins, c’est une femme vertueuse ! ajouta mon père. La femme vertueuse demeurait au second étage d’un immeuble cossu, au 18 de l’avenue Voltaire. Au coin de cette avenue, une plaque bleue précisait :Voltaire, écrivain, 1694-1778.« Voici un endroit où l’on me mâchera la besogne ! » ai-je pensé. Je m’étais renseigné : Mme Champion n’était pas – comme je l’avais craint – une vieille retraitée. Loin de là ! — Tu peux la voir à la messe de dix heures tous les dimanches, avait précisé mon ami Jacques. C’est une blonde, Odile Lefèvre de son nom de jeune fille ; mes parents la connaissent. Elle était professeur au pensionnat mais elle a arrêté quand elle a épousé le fils Bouvier il y a deux ans de cela. Dans son milieu, il est mal vu que la femme travaille. Il est en stage aux États-Unis depuis trois mois, et pour trois mois encore. Elle fait bosser quelques paresseux comme toi parce qu’elle s’ennuie sans son mari. Le lundi suivant, peu après seize heures, j’ai sonné à la porte de Mme Champion. Un gamin boutonneux est venu m’accueillir : — C’est toi, Gérard ?— Tout juste !— La mère Champion t’attend. Fais gaffe, elle est de mauvais poil ! Comme toujours, d’ailleurs. Elle était assise au ...