1. 54.6 Dans le noir, on voit parfois clair.


    Datte: 31/10/2017, Catégories: Entre-nous, Les hommes,

    ... Quoi qu’il en soit, je suis bien. Bien comme jamais je ne l’ai été. Retenu par ses pattes chaudes, enserré dans ses bras puissants, repu à la fois d’amour physique et de la douceur de ce partage des plaisirs qu’il n’a cessé de me monter tout au long de son kif ; apaisé par l’odeur familier de mon mâle brun, rassuré par sa simple présence ; lui aussi repu d’amour, apaisé, sa queue calée entre mes fesses se mettant lentement au repos, sa respiration enfin calme, son souffle chaud et intense sur mon cou ; j’ai tout juste le temps de me dire que tous les jours de ma vie je voudrais m’endormir (et me réveiller) dans ses bras ; et voilà que, bercé par ce bonheur inattendu, intense, bouleversant, que je perds pied, je m’assoupis. Mais pas longtemps ; lorsque je reviens à moi, c’est à cause des mouvements du bogoss pour se dégager de cette accolade. Ce coup-ci, il est vraiment en train de se rhabiller dans la pénombre ; il a même déjà récupéré son boxer. Réveillé en sursaut, je me retourne pour le regarder se ressaper. C’est à la fois beau et triste de regarder un beau mec se rhabiller après l’amour ; gestes simples, intimes, infiniment touchants, en dépit du fait qu’ils annoncent son départ imminent. L’image se pose ainsi à nouveau sur le son. Le frottement du coton élastique le long de ses cuisses, le bruit de l’élastique claquant juste en dessous de ses abdos ; bruit de tissu et de métal, lorsque le short se superpose au boxer, deuxième rideau tiré sur le spectacle saisissant de ...
    ... sa virilité ; crissement du cuir, cliquetis du métal de la boucle, lorsque ses doigts règlent sa ceinture, le bogoss tenant son torse nu, bien ben V, bien droit ; caresse du coton noir sur sa peau mate et encore moite, sur ces tatouages de mec que je devine tout juste dans la pénombre. Le bogoss s’apprête en silence ; il se chausse, se lève, se dirige désormais vers la porte de la chambre : fidèle à son kif, ne prévoyant à l’évidence aucun échange verbal. Et, pourtant, tant d’échanges sensuels, tant de tendresse, au milieu de cette décoiffante puissance animale. Le kif étant à présent terminé, je m’autorise quand-même à m’adresser à mon bobrun. « Tu reviens demain, hein ! » je lui lance. Ce n’est pas une question, c’est une affirmation appuyée. « Je sais pas… » fait-il en arrêtant sa progression. « On a fait un deal… ». « On verra… ». « Tu vas pas te dégonfler… ». « Je ne sais pas quand j’aurai la pause, demain… ». « Tu vas pas regretter, je te promets… ». « On verra… » fait-il tout en souriant dans la pénombre, « sous la moustache », me semble-t-il. Et sur ces derniers mots, il allume la cigarette qu’il tenait déjà dans la main, il passe la porte et il la referme derrière lui. Je l’entends parcourir le petit couloir, descendre les escaliers ; ce sont des pas rapides, à la fois félins et bien appuyés, l’allure d’un grand félin mâle. La porte en bas vient de s’ouvrir et de se refermer ; le bel étalon vient de partir pour de bon. Je suis toujours allongé sur le lit, chaud et ...
«12...111213...»