1. Havre de paix (1)


    Datte: 26/03/2021, Catégories: Hétéro

    ... radicaux s’étant éparpillés dans la nature. Les policiers attendaient la consigne finale pour rentrer dans leurs casernes respectives, les casques étaient enlevés et les groupes commentaient mollement les événements de la journée. Romain venait de sortir son paquet de cigarettes lorsqu’il la vit. Elle était assise sur un banc public, et, les yeux dans le vague, semblait regarder les employés municipaux dans leur tenue fluorescente qui balayaient les trottoirs. Il n’y avait pas loin à faire, et il ne sut même pas ce qui le porta à s’approcher d’elle. Elle ne leva les yeux vers lui que lorsqu’il lui tendit une tige : « cigarette ? ». Elle la prit et sortit son propre briquet. « Euh, ben…merci. » Ils tirèrent chacun une bouffée, elle, mal à l’aise et lorgnant du côté de son équipement répressif, bâton, menottes dans leur étui, pistolet noir à la ceinture. Ce fut lui qui brisa de nouveau la glace. « Vous…enfin, tu faisais quoi avec les casseurs ? Tu n’avais pas l’air d’être là pour tout bousiller -Mon groupe d’amis…enfin, non. J’étais venue manifester avec mes potes, et j’ai été entraînée par la foule et je me suis retrouvée coincée avec les radicaux. Vous m’avez vue ? -Au carrefour, c’est mon groupe qui a du dégager l’intersection. Je t’avais vu de loin, mais je t’ai perdu quand on a couru -J’ai pu me faufiler juste avant que ça n’arrive sur nous » Il jeta un coup d’œil à ses collègues. Les fourgons n’étaient pas encore arrivés, mais l’officier le regardait d’un air ...
    ... inquisiteur. Pas de copinage avec les manifestants, c’était la consigne. Il tira une autre bouffée. « J’aimerais te revoir -Quoi ? Pourquoi ? -Parce qu’au milieu de tout ce merdier cet aprèm, tu as été la seule part de normalité que j’ai vu. » Elle leva les yeux vers lui. Il avait les yeux rougis du gaz lacrymogène et les traits tirés. Au fond, se dit-elle, c’est pas un CRS en permanence, c’est avant tout un humain. Et moi aussi j’ai pas vu beaucoup de normalité humaine aujourd’hui. Elle lui avait donné son adresse qu’il avait griffonné sur son calepin qu’il gardait, en bon flic, en permanence sur lui. Lui avait embarqué dans la camionnette alors qu’elle se dirigeait vers le métro. Ils avaient pris leur douche au même moment, lui dans la salle de douches commune de la caserne, elle dans son petit appartement loué au CROUS. Puis elle s’était endormie comme une masse, pendant que Romain ressortait en ville dès l’autorisation de soirée libre accordée par la hiérarchie aux gars qui avaient œuvré toute la journée. Le trajet en métro lui avait pris plusieurs dizaines de minutes, et il l’avait réveillé en sonnant à l’interphone. En guise de politesse, il lui avait réoffert une cigarette sitôt dans l’appartement. Ils avaient fumé en silence, assis sur le lit qui servait accessoirement de canapé. Elle s’était d’abord retrouvée assise sur lui, à califourchon sur ses jambes. Elle l’embrassait dans le cou pendant qu’il passait ses mains dans son dos, palpait ses hanches, touchait ses seins. Il ne ...