-
Natasha & Franck (6)
Datte: 05/04/2021, Catégories: Transexuels
Sept heures. Je me réveillais alors que j’aurais déjà dû être au boulot. Je jetais un œil par la fenêtre. Tout était blanc, mais la neige avait arrêté de tomber. La tempête était passée et derrière le brouillard on devinait le soleil. Karen dormait encore. Natasha ouvrit un œil. Je l’embrassais et lui dit de rester couchée. J’allais au taf mais je reviendrais certainement pour manger. La neige fondait très rapidement dans la matinée, le vent avait viré au sud et dégagé le brouillard. Les camions ayant été bloqués par la météo, il n’y avait pas beaucoup de travail. Il était onze heures quand j’arrivais chez Natasha pour lui livrer le courrier. Karen avait un peu mal aux cheveux. Elle buvait un jus de citron en discutant avec son hôte. Le repas était presque prêt. Une fois le ventre plein, je proposais à Karen de finir la tournée avec moi et d’aller voir la chef à propos de l’agression. Elle semblait en état de conduire et pourrait rejoindre son fils. La chef proposait à Karen de prendre quelques jours de repos. Elle nous demanda d’attendre, un boss de la direction était censé arriver pour s’entretenir avec nous. Je restais plus pour tenir compagnie à Karen et l’aider dans cette nouvelle épreuve. Nous allions avoir droit à un petit cirage de pompe de rigueur. S’il n’avait été que de moi, je l’aurais laissé en plan avec ses belles paroles baveuses. Et puis qu’aurais-je à lui dire. Que je quittais la poste pour suivre ma toute nouvelle copine trans pour faire du heavy metal ? ...
... Il n’allait soit rien comprendre tant sa logique carriériste était à l’opposé de la mienne, soit il partirait offusqué, pensant que je me paye sa tête. Sur ce dernier point, il n’aurait pas tout à fait tort. Il eu au moins le mérite de ne pas nous faire attendre des plombes ! C’était un petit homme. Pas tant par la taille ; il était de taille moyenne. Il avait des cheveux blonds, coupés très courts, certainement à la tondeuse, pour cacher que son crâne commençait à se dégarnir précocement. Il devait être dans la quarantaine. Il portait des petites lunettes qui lui conféraient un air de fouine ; à moins que ce fût moi qui lui trouvais un air chafouin. Non, François Olivier Paleysson (Fuck Off Paillasson, comme je l’avais rebaptisé au plus grand plaisir des collègues) n’avait pas un air chafouin : Il l’était ! Comme toujours, il était vêtu d’un costume strict et noir qui en disait long sur l’originalité du personnage. Il devait toutefois se considérer comme un rebelle puisque sa chemise d’un mauve assez vif affichait toute la fantaisie dont il était capable. Il était le genre de personnage à critiquer le gouvernement de ne rien faire pour l’emploi alors qu’il passait sa journée à essayer d’en détruire. La somme de toutes ces petitesses faisait de lui, malgré donc sa taille moyenne, un homme petit. Dormir dans un sac de couchage rempli de serpents m’angoisserait moins que de le côtoyer une heure. Bien sûr il recommandait à Karen de bien se reposer. Il voyait sur son visage les ...