1. Myriam


    Datte: 27/05/2021, Catégories: fh, extracon, Collègues / Travail Oral préservati, pénétratio, exercice,

    Myriam a des cheveux noirs, sombres, et les yeux clairs. Myriam fixe les gens dans les yeux et dit ce qu’elle pense. Myriam prend ses décisions rapidement. Myriam apprécie la contradiction. Myriam est franche et entière. Je croise Myriam depuis quelques années au boulot, mais suite à une de ces réorganisations des services où tout le monde est promu et personne n’est augmenté, nous sommes amenés à travailler régulièrement ensemble depuis quelques mois. Et un matin, Myriam est arrivée au bureau avec les cheveux courts. Fini le banal carré qu’elle portait depuis toujours. Elle a débarqué la nuque dégagée et les oreilles nues, le port toujours altier, le tailleur impeccable, le pas conquérant, superbe… Et il y eut cette réunion, ce matin, à propos de je ne sais plus quoi, avec je ne sais plus qui. Je me souviens juste qu’on manquait de place, que j’étais assis un peu derrière elle, qu’elle portait un parfum délicat, et que je n’ai pas quitté sa nuque des yeux. Je m’imaginais la parcourir du bout des doigts, la sentir, l’embrasser du bout des lèvres, y caresser mes joues, lui chatouiller les lobes d’oreille, l’humer à pleins poumons… Nous nous entendions bien. Nous n’étions pas au même étage, nous n’avions pas le même groupe de collègues pour aller à la cantine, nous ne faisions pas les pauses aux mêmes horaires. Mais nous étions souvent en réunion ensemble. Et souvent sur la même longueur d’onde. Quand l’un commençait une phrase, l’autre avait souvent compris où il voulait en ...
    ... venir. À nous deux, nous avancions plus vite que tous les autres. Nous passions notre temps à expliquer aux autres ce que nous avions compris, analysé, imaginé. Lors de l’évaluation annuelle, j’ai eu des félicitations comme jamais en 8 ans de boîte. Elle aussi ai-je appris. Nous étions Starky et Hutch, Bonnie and Clyde, Montaigne et la Boétie, Gainsbourg et Birkin, Pierre et Marie Curie… Quand l’un avançait un truc, l’autre anticipait la suite, et nous avions deux coups d’avance sur tous les autres. Grisant… Étonnamment, nous ne nous rencontrions jamais seuls. Dans deux services différents, nous nous voyions toujours en réunions, on s’envoyait des mails avec plein de monde en copie, on s’appelait peu… Et puis il y eut cette soirée: nous devions boucler une réponse à un appel d’offre. Alain la voulait sur son bureau pour huit heures le lendemain matin. Alain, que tout le monde appelait - Alain, qui ne mettait jamais ses titres lorsqu’il signait, Alain relisait toujours les gros dossiers le matin à huit heures. Nous avions treize heures devant nous. Nous avions été désignés tous les deux pour boucler cette affaire qui avait occupé pas mal de monde. On y était depuis le matin, j’avais passé la matinée à intégrer différentes contributions pendant qu’elle reprenait les chiffres. Nous avions reçu au cours de l’après-midi divers retours, par mail, fax, ou coups de fils. Nous tentions de masquer les incohérences, relier les divergences, faire émerger une orientation claire. C’était un ...
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