1. La tentation était trop forte (1)


    Datte: 27/05/2021, Catégories: Hétéro

    ... position défensive. Bien sûr, ce serait le moment de couper court au jeu, ou en tout cas de le recadrer un peu, mais ce jeu me plaît. Et après tout c’est plaisant d’être désirée, j’avais presque oublié ce que ça faisait… — C’est que… Je me penche un peu vers lui, comme une conspiratrice. — … mon mari ne me touche plus beaucoup, si tu vois ce que je veux dire. La petite voix de la raison - qui résonne de plus en plus faiblement dans ma tête – me hurle de m’arrêter, mais je n’ai aucun mal à la chasser. Qu’y a-t-il de mal à s’amuser ? Je pourrais toujours arrêter le jeu plus tard, pour le moment j’ai envie de jouer. Guillaume rougit de nouveau, mais il ne baisse cette fois pas le regard. Ses jolis yeux bleus restent plongés dans les miens et je prends alors seulement conscience que je suis allée trop loin. Comment pourrais-je stopper la machine maintenant ? Pour ne rien arranger, j’ai l’impression que tout le monde dans le bar nous observe en me jugeant, moi qui flirte avec un petit jeune qui pourrait être mon fils. C’est faux, bien sûr, personne ne sait ce que nous nous disons et surtout tout le monde s’en fiche, mais cela ne me met pas moins mal à l’aise. — Vous voulez qu’on aille ailleurs ? me demande alors Guillaume. — Avec plaisir ! Un vaste sourire se dessine sur son visage, et je prends conscience une seconde trop tard, là encore, que je viens de faire une nouvelle bourde monumentale. Aller ailleurs correspondait à mon désir du moment, moi qui me sentais mal à l’aise dans ...
    ... ce bar, mais ça n’a évidemment pas du tout la même signification pour lui ! Je n’ai pourtant pas le temps de réfléchir ou de réagir, il s’est déjà levé et il enfile sa veste prestement. — J’habite juste à côté d’ici, m’assure-t-il. Si vous voulez on peut aller boire un dernier verre chez moi ? « Aller boire un dernier verre », l’expression est transparente. Sans doute pense-t-il que son poisson est suffisamment ferré pour être remonté à la surface sans résistance. Et, à vrai dire, peu de choses dans mes mots ou dans mes actes sont allées à l’encontre de cette pensée. Dois-je le contredire tout de suite ? En fait je serais bien restée un peu, j’aurais bien aimé continuer le jeu plus longtemps. J’aurais voulu poursuivre nos allusions, nos regards, presque jusqu’au point de rupture, puis stopper juste avant que les choses ne deviennent trop concrètes. Mais finalement, est-ce encore impossible ? Si je vais chez lui, ça ne m’engage après tout toujours à rien ! Je peux toujours boire ce satané dernier verre, échanger encore quelques subtiles piques, et puis tourner les talons comme une garce. Oui, cette idée me plait bien ! Je réalise – petit éclair de lucidité bien vite englouti par l’éthylisme – que je ne penserais jamais ce genre de choses si je n’avais pas bu. C’est l’alcool qui parle, ou en l’occurrence qui pense, pas moi. Je ne me saisis pas moins de ma veste, que j’enfile à mon tour, puis je sors du bar à sa suite, remettant lâchement à plus tard la confession que tout ceci ...
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