La tentation était trop forte (1)
Datte: 27/05/2021,
Catégories:
Hétéro
Je fais tourner un peu négligemment la paille jaune vif dans mon Gin Tonic, comme s’il avait besoin d’être mélangé. En vérité, ce geste simple et répétitif est d’abord ma meilleure arme contre l’ennui. Pourquoi suis-je ici déjà ? Je peine à m’en souvenir. Ou plutôt si : je suis ici pour vaincre l’ennui, justement. Quel succès ! Ma meilleure amie, Sylvie, a eu l’idée fantastique de me traîner dans un bar pour me changer les idées. Sauf qu’elle me délaisse totalement pour aller papillonner à droite et à gauche, tandis que je noie mon chagrin dans un troisième verre de Gin Tonic, bientôt vide d’ailleurs. Bien sûr, c’est facile pour elle qui est coutumière du fait. Elle est célibataire, sans enfants, et son occupation favorite du week-end est d’arpenter les bars à la recherche de l’homme de sa v… d’un soir. Or le bar dans lequel nous sommes depuis plus d’une heure maintenant regorge de sa cible favorite, ce qu’elle appelle ses biscuits apéritifs : les étudiants. A quarante ans bien tassés, d’aucuns diraient que ce n’est guère raisonnable, mais Sylvie est une belle femme et après tout il n’y a là rien de réellement choquant, tout se déroulant entre adultes consentants. La vraie question serait plutôt : que viens-je faire, moi, dans cette galère ? Difficile à dire. Pour me présenter rapidement : je m’appelle Catherine – alias Cat’ – et je suis une femme de la quarantaine tout ce qu’il y a de plus banale. Ma vie ne se déroule pas mal, j’ai un boulot qui, à défaut d’être ...
... passionnant, n’est pas non plus très désagréable ; j’ai des amis suffisamment nombreux pour mon bonheur et suffisamment rares pour rester de vrais amis, non des connaissances. Mon couple ne va pas très bien, c’est vrai. Thierry, mon mari, me délaisse à peu près complètement, uniquement absorbé par son stupide travail. Heureusement Victoire, notre fille unique, est studieuse et visiblement épanouie, puisqu’elle compte nous présenter demain son petit ami. Pourtant, cette perspective même me déprime : belle-mère, déjà ! Bon en même temps, inutile de s’emballer : Victoire n’a que 16 ans, les probabilités que son copain soit l’homme de sa vie sont plus que minces. Mais tout de même… Mes pensées déprimantes sont chassées d’un seul coup par l’arrivée soudaine de Sylvie, accompagnée de deux jeunes hommes. Je les évalue rapidement du regard, ils doivent avoir dans les 20 ans, à peine peut-être. — Bon ma Cat’, arrête un peu de te morfondre ! me gronde-t-elle en s’asseyant à côté de moi. Regarde autour de toi, c’est la fête. Amuse-toi ! Je suis un peu gênée de cette remontrance maternaliste devant deux inconnus, même s’ils pourraient être mes enfants. Ou peut-être justement à cause de ça. — Je vais aller faire un tour avec Pedro, reprend-elle avant que je ne puisse répondre quoi que ce soit. Je me suis dit que tu pourrais faire connaissance avec son copain, ça te distrairait ! — Je m’appelle Diego, Madame, corrige timidement l’étudiant qui la dévore des yeux. Qui dévore son décolleté des yeux en ...