Un moment d'égarement
Datte: 07/11/2017,
Catégories:
fh,
hagé,
douche,
Voyeur / Exhib / Nudisme
Oral
oncle,
L’automne de mes 24 ans. Me voilà encore en train de pleurer. Cet été, la mort, cruelle, m’a brusquement ravi la personne la plus importante au monde pour moi. Mon premier amoureux. Mon premier amant. Et bien avant cela encore, c’était mon meilleur ami, mon confident, celui qui me comprenait mieux que personne. Tous nos projets d’avenir, foutus. Et moi ? J’ai bien eu envie de me foutre en l’air, mais il n’aurait pas voulu ça. Cette pensée me raccroche tant bien que mal à la vie, elle m’empêche de me faire du mal. Je mange parce qu’il faut manger. Je dors parce qu’il faut dormir. Je survis. Comme une coquille vide, je ne ressens plus grand-chose dans mon corps. Les premiers temps je ne parvenais pas à toucher à ses affaires sans pleurer. Il avait bien fallu trouver des vêtements pour l’inhumation — la belle affaire — comme le marbre, les fleurs et toutes ces dépenses faramineuses destinées à réconforter les vivants et à faire vivre les croquemorts. Je le revoyais dans notre appartement comme une hallucination, comme un fantôme de mes souvenirs. En vérité c’est moi le fantôme. J’ai repris le chemin de l’université sans rien dire à personne. Je ne veux pas des regards pleins de pitié de ces saletés de commères. Je ne veux pas d’égards particuliers. Je veux faire comme si tout allait bien. Comme si. J’ai peur de ne pas tenir bien longtemps comme ça. Aux premières vacances, j’ai fui la ville pour prendre un bol d’air de la campagne et me ressourcer chez mon oncle et ma tante. ...
... Les bons petits plats cuisinés avec amour me redonnent de l’appétit et les journées au grand air m’aident à vider ma tête lourde de pensées obscures. Tatie est partie se coucher. Elle a le don incroyable de s’endormir paisiblement dès que sa tête touche l’oreiller. Moi pas. Je m’allonge dans le noir, les yeux ouverts ou fermés, je me retourne, je cogite sans fin jusqu’à des heures indues. Pour finir, j’allume la lumière, j’écoute de la musique, je bouquine, je gribouille tout ce qui me passe par la tête ou je surfe sur internet jusqu’à m’endormir d’épuisement. La nuit m’angoisse, c’est la fin de la journée ou plus rien n’est possible. Le sommeil est une petite mort. Comme les israélites, chaque matin, j’ai conscience de la chance que j’ai de vivre encore un jour sur la Terre. — Ça ne va pas, nièce chérie ?— Non, dis-je entre deux sanglots. Les mots ne sortent pas. Ma lèvre tremble. À travers mes yeux embués, je perçois son regard franc et doux. Il écoute mon chagrin, il lit ma tristesse, il entend les mots que je ne peux pas dire. — Des fois je ne sais plus si je suis vivante ou morte.— Il paraît que parfois les morts ne savent pas qu’ils le sont et qu’ils restent près de nous. Tonton me prend dans ses bras. Ça fait du bien d’être touchée. Ses longues mains sèches et rendues rugueuses par le labeur pétrissent mon dos. Je frissonne et à la fois je commence à avoir trop chaud. J’ai tellement envie de me laisser aller. Ses mains descendent sous mon jean et viennent empoigner mes ...